Dans les coulisses du FEIS : le comité d’investissement
Wilhelm Molterer
Quand est née l’idée de constituer un comité d’investissement et de lui attribuer cette fonction ?
Cela s’est fait progressivement. Nous nous posions deux questions, dont nous avons finalement discuté également avec le Parlement. La première consistait à savoir si nous adopterions le nom de Fonds européen pour les investissements stratégiques, parce que juridiquement, ce n’est pas un fonds, mais un mécanisme de garantie. Au début, cette décision a suscité une certaine confusion sur les marchés. Les gens interpellaient la BEI : « Voilà, je veux investir dans ce fonds. Où se trouve-t-il ? Quelle est l’entité juridique ? » L’autre interrogation portait sur le choix du nom de « comité d’investissement ». En effet, ce comité ne décide pas des investissements, mais de l’utilisation de la garantie publique. Une autre possibilité aurait été de l’appeler le comité de garantie. En fin de compte, les choses se sont mises en place d’elles-mêmes. Mais les doutes se limitaient à l’appellation. Les principes fondamentaux étaient convenus depuis le tout début.
Au cours du processus législatif, avez-vous pensé à un moment que cela ne marcherait pas ou que cela pourrait revêtir une tout autre forme ?
Cela m’a traversé l’esprit. C’était intéressant. C’était au début des discussions au Parlement. Une proposition législative avait été soumise au Parlement et elle était pratiquement identique à la version qui a fini par être adoptée. Un membre du Parlement a déclaré : « Nous sommes satisfaits, nous voulons le faire, mais nous voulons exercer un contrôle politique. » Au nom de la BEI et de la Commission, nous avons répondu : « Si vous voulez tuer cet instrument dans l’œuf, faites-en un instrument politique. Si vous voulez qu’il réussisse, conservez l’approche basée sur le marché. » Cela a été une grande décision de principe. Finalement, le Parlement européen a accepté que l’initiative soit déterminée par le marché, et non par des objectifs stratégiques. Nous avons néanmoins consenti à mettre en place un tableau de bord pour nous donner une indication claire sur l’additionnalité. Deuxièmement, nous avons convenu de laisser une réelle indépendance au comité d’investissement. Troisièmement, le Parlement a eu le dernier mot dans la désignation du directeur exécutif et du directeur exécutif adjoint.
Une annonce a été publiée pour les deux postes, et 40 à 60 personnes ont postulé pour celui de directeur exécutif, et autant, voire un peu plus pour celui de directeur exécutif adjoint. Pour finir, la Commission et la BEI ont procédé à une présélection, et lorsqu’il n’est resté qu’un candidat pour chaque poste, Iliyana et moi avons été confirmés à une large majorité au Parlement européen.
Quatrièmement, nous nous sommes accordés avec le Parlement pour que le processus soit transparent, en publiant le tableau de bord des projets, et même, depuis 2018, les documents de motivation du comité d’investissement. De plus, depuis 2018, le Parlement a également un observateur au comité de pilotage, l’ancien commissaire européen László Andor.
Comment les membres du comité d’investissement ont-ils été sélectionnés et qui sont-ils ?
Tout d’abord, le règlement prescrivait un équilibre 50/50 entre les sexes. C’est l’un des premiers actes législatifs qui a scellé ce principe au niveau de l’UE. Aux termes de l’annonce, les candidats devaient posséder une expérience du marché. Ils devaient également maîtriser une compréhension approfondie de l’économie européenne du point de vue de plusieurs secteurs. Le règlement imposait par ailleurs une diversité régionale, et pas seulement entre les hommes et les femmes. Au dernier stade, ces collègues ont été sélectionnés par le comité de pilotage, qui était déjà en place à ce moment. C’était en quelque sorte l’organe directeur qui a guidé tout le processus, avec trois membres de la Commission européenne et un membre de la BEI, le vice-président Ambroise Fayolle. Ils se sont chargés de sélectionner les huit membres du comité d’investissement, qui étaient des personnalités originaires de différentes régions, avec différentes expériences du marché, et totalement indépendantes. C’était l’un des principes fondamentaux du processus de sélection du comité de pilotage.