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Troisième partie de la série « L’héritage du FEIS »

Le Fonds européen pour les investissements stratégiques a changé la donne pour les programmes de relance économique soutenus par des financements publics de l’UE et pour la Banque européenne d’investissement. « L’héritage du FEIS » est une série qui raconte l’histoire du Fonds européen pour les investissements stratégiques (FEIS) de 2015 à 2020 au fil d’entretiens avec son directeur exécutif, sa directrice exécutive adjointe, les membres du comité d’investissement et des bénéficiaires finals de toute l’Europe.

Téléchargez ici la publication intitulée « L’héritage du FEIS ».


Le bras financier du Plan d’investissement pour l’Europe, le Fonds européen pour les investissements stratégiques, entend s’attaquer à trois difficultés majeures, à savoir les obstacles économiques, environnementaux et non financiers à l’investissement, les limites de capacité et la timidité des activités d’investissement. Élaboré par la Commission européenne et la Banque européenne d’investissement en 2014, ce Plan a été lancé pour une période de cinq ans à l’été 2015.

Tout a commencé par un diagnostic : après la crise économique et financière de 2008, l’activité d’investissement restait beaucoup trop faible en Europe et l’écart de compétitivité entre l’Europe et les autres régions du monde se creusait rapidement. Ces problèmes résultaient d’une contraction du crédit pour le financement du secteur privé (malgré d’abondantes liquidités), d’une fragmentation du système bancaire, d’un sous-développement des marchés des capitaux et d’une extrême exiguïté des ressources publiques, le tout aggravé par d’autres obstacles non financiers à l’investissement.

Le FEIS, qui constitue le bras financier du Plan d’investissement pour l’Europe, donne les moyens au Groupe Banque européenne d’investissement d’accorder un soutien accru à des projets viables dont le profil de risque dépasse la tolérance au risque de la BEI elle-même. Étant un instrument de politique publique, il a par ailleurs vocation à remédier aux défaillances du marché et aux situations d’investissement non optimales.

D’emblée, trois objectifs clairs ont été assignés au FEIS : l’additionnalité, la mobilisation de capitaux et l’impact. L’admissibilité de chaque projet à la garantie du FEIS est examinée à l’aune de ces trois critères. Le Groupe BEI reste le prêteur, ou le bailleur de fonds, tandis que la BEI exécute toutes les activités connexes (telles que l’audit préalable, le financement, la gestion des risques, les exigences juridiques et contractuelles à l’égard du client, la surveillance, la gouvernance, etc.). Les organes de gouvernance du FEIS (en tant que garant) n’ont ainsi plus qu’à prendre la décision fondamentale de mettre ou non la garantie de l’UE à la disposition du projet en fonction de l’examen des critères d’admissibilité du FEIS. Le processus est donc allégé et efficace.

Le Groupe BEI est tenu de rendre compte en détail à la Commission européenne (qui fournit la garantie) et au Parlement européen (qui adopte le règlement régissant le FEIS).

On ne double pas seulement le travail accompli – on obtient un résultat trois à cinq fois supérieur avec le même apport de départ.

  • Wilhelm Molterer, directeur exécutif

Des projets et des personnes

La technologie des batteries automobiles prend une longueur d’avance

Alors que la production de véhicules électriques augmente rapidement, les constructeurs du monde entier dépendent principalement de batteries importées de Corée du Sud, de Chine ou du Japon. Avec à son actif un important accord de collaboration avec Volkswagen et BMW, Northvolt est convaincue que la situation est en passe d’évoluer en Europe. Cette entreprise suédoise a construit l’une des usines de batteries les plus avancées au monde.

« Le stockage des énergies renouvelables est la clé d’une société à bilan carbone neutre », déclare Peter Carlsson, l’ancien cadre de Tesla à la tête de Northvolt, « et les batteries sont essentielles pour y parvenir ».

Avec le soutien de la garantie du FEIS et du dispositif InnovFin de l’UE, la Banque européenne d’investissement a aidé Northvolt à installer une chaîne de production de démonstration du concept à Västerås, non loin de Stockholm. Les premières batteries sont sorties de l’usine à la fin 2019, mais à cette date, Northvolt voyait déjà beaucoup plus loin.

La prochaine étape est une usine de batteries lithium-ion située à Skellefteå, dans le nord-est de la Suède, qui emploiera jusqu’à 1 400 personnes et sera un tremplin vers une capacité de production de batteries de 32 gigawattheures d’ici à 2023, puis, d’après les plans de l’entreprise, de 40 gigawattheures dans les années qui suivront. L’usine de Skellefteå pourra compter sur un nouveau prêt de la Banque européenne d’investissement, cette fois d’un montant de 400 millions d’euros, qui s’appuiera à nouveau sur la garantie du FEIS.

« Mon ambition est de montrer à l’Europe que l’énergie sans carbone peut être mieux stockée et distribuée avec une meilleure qualité et des coûts réduits, et qu’elle peut être rendue plus durable et réellement disponible », explique Peter Carlsson. « Je veux inspirer le changement et donner une impulsion à l’Europe ».

Dans les coulisses du FEIS : La directrice exécutive adjointe

En 2015, Iliyana Tsanova était responsable du cofinancement de l’UE et de l’ingénierie financière au sein de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), à Londres. Elle avait observé avec attention la création du FEIS et s’efforçait déjà d’établir un partenariat avec la BEI dans ce cadre. En juillet de la même année, un collègue lui a transmis le lien d’une offre d’emploi pour la direction exécutive adjointe du FEIS. L’idée a immédiatement plu à Iliyana Tsanova, qui à 39 ans seulement, avait déjà occupé le poste de vice-Première ministre dans un gouvernement intérimaire technocratique en Bulgarie. « Je savais que j’étais une candidate sérieuse pour cette fonction et que je pouvais apporter une valeur ajoutée », se rappelle-t-elle. « J’avais l’expérience requise à la fois dans le domaine bancaire et politique. Dans mon travail à la BERD, j’avais acquis des connaissances solides sur l’additionnalité des financements. » Le jour même, ou plutôt tard dans la nuit, elle a envoyé sa candidature. Ce fut le premier pas d’un chemin qui l’a conduite à l’audition de confirmation au Parlement européen et à la tribune de conférences, dans toute l’Europe, pour raconter l’histoire du FEIS.

En octobre, Iliyana Tsanova se préparait à l’audition publique devant le Parlement européen, à Bruxelles, lorsqu’elle a rencontré pour la première fois Wilhelm Molterer. La veille de l’audition, tous deux ont discuté de leurs fonctions à Luxembourg et se sont rendus dans la capitale belge en voiture. Elle rit au souvenir de « l’entretien d’embauche de loin le plus difficile que je n’aie jamais dû passer. J’étais assise face à 100 membres des deux commissions compétentes du Parlement et je n’avais aucune idée des questions qu’ils allaient me poser. Finalement, l’échange a été très franc et sincère, et une fois les quelques minutes de stress initial passées, je l’ai réellement apprécié. »

La relation de travail qui s’est tissée entre le directeur exécutif et la directrice exécutive adjointe du FEIS s’est avérée un pilier du bon fonctionnement du programme. « Nous sommes une petite équipe », commente Iliyana Tsanova. « Il est vraiment important qu’il règne une bonne alchimie entre ses membres. Sans cela, il aurait été extrêmement pénible pour nous de bien travailler. J’apprécie la personnalité fantastique de Willi et j’ai beaucoup appris grâce à son expérience d’homme politique et de membre de l’équipe de gestion de la BEI. Dans un premier temps, nous nous sommes retrouvés dans une sorte de mariage arrangé, mais en pratique, tout s’est déroulé pour le mieux. »

© Science4you

Le FEIS n’est pas une entité juridique distincte, mais un mécanisme de garantie doté d’une structure de gouvernance indépendante. Pour les opérations bancaires, il est intégralement subordonné au Groupe BEI, qui finance tous les investissements. En tant que garant, le FEIS possède en outre une structure de gouvernance allégée et efficace, qui assure la légitimité et la transparence sans retarder la décision finale quant au financement.

  1. Comité de pilotage : composé de trois représentants de la Commission et d’un représentant de la BEI, complétés depuis 2018 par un expert sans droit de vote désigné par le Parlement européen. Il procure une vue d’ensemble stratégique et une orientation sur les lignes directrices de la mise en œuvre et il supervise le portefeuille du FEIS. Il n’intervient dans les propositions individuelles que dans des cas exceptionnels.
  2. Directeur exécutif et directeur exécutif adjoint : ces deux postes soumis à une approbation politique sont intégrés à la BEI après une désignation par le comité de pilotage et un vote public du Parlement européen. Ils assument la gestion journalière des activités de garantie et rendent compte au comité de pilotage tous les trimestres. Ils ont le droit de vote au comité d’investissement et répondent au FEIS, et non à la Banque européenne d’investissement. Ils ne jouent strictement aucun rôle dans la préparation des projets de la BEI.
  3.  Comité d’investissement : organe indépendant composé de huit experts externes et du directeur exécutif, ou en son absence, du directeur exécutif adjoint. Il contrôle l’accès à la garantie publique en ce qui concerne les projets soumis par la BEI. Il arrête ses décisions, qui sont définitives, par un vote à la majorité. Ses membres se prononcent indépendamment de toute orientation de la Commission, de la BEI, du Parlement européen ou d’une quelconque autre instance. Les décisions du comité d’investissement d’approuver l’utilisation de la garantie du FEIS sont publiques. Depuis 2018, la motivation de ces décisions doit être exposée dans une documentation spécifique rendue publique et accessible sur la page du site web de la BEI consacrée au FEIS. ​​​​

Le comité d’investissement a assuré la légitimité et la transparence du processus d’approbation des projets.

  • Iliyana Tsanova, directrice exécutive adjointe

Des projets et des personnes

Comme en Croatie, les emplois n’étaient pas légion, Elizabeta Žalac pensait qu’elle devrait partir pour trouver du travail. Mais grâce à un investissement de la BEI soutenu par le FEIS, cette jeune ingénieure talentueuse a pu rester dans son pays de naissance.

À l’époque où Elizabeta Žalac est née à Đurđevac, une commune de 6 000 habitants située dans le nord de la Croatie, ses parents conduisaient toujours une Lada de construction soviétique. Aujourd’hui, elle travaille sur l’une des voitures les plus rapides au monde.

Elle a étudié la conception de dispositifs médicaux à l’université de Zagreb, mais les possibilités de faire progresser sa carrière dans son pays lui semblaient minces. « Je pensais que je ne serais pas en mesure de trouver un travail en Croatie, parce qu’il n’y avait pas beaucoup d’emplois dans mon domaine de spécialisation », dit-elle. « Je songeais donc à quitter le pays, mais au fond je voulais rester en Croatie, près de ma famille et de mes amis ».

Elle a alors vu une offre d’emploi pour un poste d’ingénieur Batterie chez Rimac, l’unique constructeur automobile croate. Rimac fabrique des batteries de pointe, qui peuvent être utilisées non seulement dans des voitures sportives, mais aussi dans des trains, des bus et même des fauteuils roulants. La Banque européenne d’investissement a d’abord appuyé Rimac par l’intermédiaire d’un prêt à HBOR, la banque de développement croate. Puis, en décembre 2018, la BEI a signé un prêt de 30 millions d’euros adossé à la garantie du FEIS, pour financer les activités de recherche-développement de Rimac.

« Ce qui a été déterminant pour moi, c’est le côté écologique de l’entreprise », affirme Elizabeta Žalac.

Sa première mission au sein de l’entreprise a été de travailler sur une batterie destinée à une voiture de course électrique pour le constructeur espagnol SEAT. Seule une autre femme travaillait dans son département, et si elle n’était pas certaine de vouloir travailler dans un secteur très majoritairement masculin, ses collègues se sont finalement avérés très solidaires. « J’ai posé des questions, j’ai étudié chez moi une fois rentrée du travail et, rapidement, j’ai réussi à me débrouiller avec l’aide des collègues », déclare-t-elle.

Elle travaille aujourd’hui sur la Concept 2, un modèle sportif de Rimac qui atteint une vitesse de pointe de 412 km/h. « Je suis vraiment fière de travailler pour une entreprise qui s’inscrit dans un changement mondial, qui a vraiment un impact positif sur le monde et sur l’environnement », dit-elle, avant d’ajouter, « et que tout cela se produise dans une petite ville, dans un pays aussi petit que la Croatie ».