En soutenant collectivement les quartiers pauvres qui semblent avoir été oubliés, les petits villages qui luttent pour survivre et les anciennes villes industrielles qui ont perdu leur âme. Nous pouvons mettre en avant les succès obtenus par la réhabilitation de certains quartiers industriels, dont Lille (France), Katowice (Pologne) et Manchester (Royaume-Uni) sont des exemples prometteurs. Nous devons également remplacer le tourisme de masse par des formes plus durables et plus responsables en promouvant, par exemple, des destinations moins connues pour mieux répartir les visiteurs dans toute l’Europe. Les organisations de la société civile, portées par les populations locales et le grand public, sont parfaitement placées pour piloter la revitalisation du patrimoine culturel de l’Europe. De toute évidence, les fonds publics ne suffiront pas à sauver la totalité des sites et monuments. Pour soutenir la renaissance et la transformation du patrimoine européen, nous devons libérer le potentiel du secteur privé.
Europa Nostra[2], l’organisation dont je suis président exécutif, étudie, protège, célèbre et met en valeur le patrimoine à l’échelle européenne depuis plus de 55 ans. Dans le Manifeste de Paris[3], publié le 30 octobre 2019, des acteurs du monde du patrimoine culturel, réunis lors d’une manifestation organisée par Europa Nostra, ont souligné que notre patrimoine culturel commun devait être au coeur du projet européen. Sans lui, l’Europe n’existerait pas et ne pourrait pas exister. Il constitue le socle de l’identité européenne. Et il est l’essence même des valeurs que défend Europa Nostra, sa raison d’être.
Comme l’a également déclaré le Centre international d’études pour la conservation et la restauration des biens culturels dans un article récent, intitulé Patrimoine et bien-être : Quelles sont les composantes d’une bonne vie ? : « Bien que l’on reconnaisse tacitement que la culture contribue au bien-être, d’un point de vue politique, cette réflexion n’en est encore qu’à ses débuts. [...] En réduisant la culture à un loisir récréatif, en refusant de reconnaître le patrimoine comme un mode de vie qui relie les moyens de subsistance et l’identité, nous perdons des occasions d’améliorer le sens et la valeur de la vie. » Le 9 mai 2020, à l’occasion de la Journée de l’Europe, la European Heritage Alliance , l’alliance européenne pour le patrimoine, a publié un autre manifeste, intitulé Notre patrimoine culturel : un catalyseur puissant pour l’avenir de l’Europe.
Elle y énonce sept façons complémentaires de favoriser une transformation positive de notre société grâce au patrimoine culturel : 1. soigner l’Europe ; 2. être l’Europe ; 3. assurer la transition numérique de l’Europe ; 4. contribuer à une Europe plus verte ; 5. régénérer l’Europe ; 6. vivre l’Europe ; 7. s’ouvrir sur le monde. Ce manifeste traduit la ferme conviction de l’alliance : la réponse de l’Europe à la pandémie de COVID-19 doit passer par la transformation profonde, tant attendue, de notre mode de vie.