- Bénéficiant de l’appui de l’initiative eradicateMalaria, la société allemande BioNTech annonce un projet de lutte contre le paludisme, qui consiste en la mise au point d’un vaccin à ARN messager et l’évaluation de la production de ce type de vaccin en Afrique
- L’initiative peut compter sur un financement important de l’Équipe Europe, par exemple pour les essais de la dernière phase du projet de BioNTech
- L’initiative eradicateMalaria est coordonnée par la Fondation kENUP et bénéficie du pouvoir de mobilisation de l’Organisation mondiale de la Santé et du Centre africain pour le contrôle et la prévention des maladies
Bénéficiant du soutien de l’initiative eradicateMalaria, la société allemande de biotechnologie BioNTech SE (« BioNTech ») a annoncé ce jour un projet de mise au point d’un candidat vaccin antipaludique basé sur sa technologie exclusive de l’ARN messager. Le projet vise également à développer les capacités de production de vaccin dans toute l’Afrique. BioNTech a co-développé, en partenariat avec Pfizer, le premier vaccin à ARN messager contre le COVID-19. La société a bénéficié de deux prêts de la Banque européenne d’investissement (BEI) au titre du Plan d’investissement pour l’Europe pour ses recherches sur le cancer et le COVID-19.
Les avancées scientifiques et entrepreneuriales réalisées pendant la pandémie suscitent l’espoir qu’un vaccin très efficace puisse bientôt contribuer à l’éradication du paludisme. Cet objectif n’a, jusqu’à présent, pas pu être atteint malgré d’immenses efforts déployés par la communauté internationale en matière de financements et de santé publique. BioNTech est le premier grand développeur de vaccins à s’engager dans le combat de l’éradication du paludisme depuis plus de 30 ans. L’entreprise adopte une approche en deux volets. Premièrement, elle vise à mettre au point un vaccin à ARN messager de première génération, à l’aide d’un antigène connu, la protéine circumsporozoïte (CSP). L’essai clinique de ce candidat vaccin de première génération devrait débuter fin 2022. Deuxièmement, BioNTech lancera un processus dédié afin de découvrir éventuellement de nouveaux antigènes, ce qui pourrait ouvrir la voie à un vaccin de deuxième génération plus efficace. En outre, l’entreprise s’engage à fabriquer le vaccin éventuel dans des installations en Afrique, soit avec des partenaires de production agréés, soit seule.
BioNTech prévoit d’utiliser les revenus du vaccin contre le COVID-19 pour mettre au point ses candidats vaccins contre le paludisme et les amener à la première phase des essais cliniques. La BEI et la Commission européenne s’engagent à soutenir les entreprises qui cherchent à éradiquer le paludisme par l’intermédiaire du volet Recherche sur les maladies infectieuses du dispositif InnovFin, appuyé par Horizon 2020. L’investissement de la BEI couvrira des projets qui entrent dans la dernière phase de développement clinique, dont l’objectif principal est de démontrer l’efficacité, la sécurité et le rapport coût-efficacité d’un produit pharmaceutique.
« Il est difficile de mettre au point un vaccin contre le paludisme. C’est pourquoi l’entreprise dans laquelle BioNTech vient de s’engager demande beaucoup de courage et de dévouement », a déclaré Werner Hoyer, président de la Banque européenne d’investissement. « Trouver un vaccin efficace est le seul moyen d’éradiquer l’une des principales causes de décès chez les enfants des pays moins avancés. La technologie de l’ARN messager a changé la donne dans la lutte contre la pandémie de COVID-19. La BEI a confirmé son soutien à cette approche innovante en accordant deux prêts à BioNTech, pour la mise au point de traitements contre le cancer en 2019 et pour la recherche sur un vaccin contre le COVID-19 en 2020. Si l’ARN messager pouvait aussi révolutionner la mise au point d’un vaccin antipaludique, la banque de l’UE serait fière de soutenir cette mission. »
Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne : « Nous assistons aux prémices d’une révolution des sciences médicales : celle de la technologie de l’ARN messager, entamée par BioNTech et d’autres. Elle permet la production de milliards de doses de vaccin contre le COVID-19 pour l’Europe et le monde. La technologie de l’ARN messager peut aussi changer la donne dans la lutte contre d’autres maladies, dont le paludisme. L’éradication du paludisme est un objectif réaliste et nous savons maintenant qu’il pourrait être atteint au cours de cette génération. La Commission européenne soutient l’effort mondial visant à mettre au point des vaccins à ARN messager contre le paludisme. Cette initiative s’inscrit également dans le cadre de l’engagement plus large de l’UE en faveur de la santé en Afrique et dans les pays en développement. Si nous y parvenons, nous serons non seulement mieux équipés pour la prochaine pandémie, mais nous investirons aussi dans un continent africain enfin libéré du paludisme. »
Mariya Gabriel, commissaire à l’innovation, la recherche, la culture, l’éducation et la jeunesse : « Pendant des décennies, les programmes de recherche et d’innovation et les instruments financiers de l’Union européenne ont fourni un cadre et un financement pour contribuer au programme mondial de recherche sur le paludisme, et nous sommes déterminés à poursuivre ces efforts. Pour faire face aux menaces que le paludisme fait peser sur le monde, il faut des découvertes révolutionnaires, le travail de nos esprits les plus brillants, mais aussi des actions conjointes des décideurs et des investisseurs. Aujourd’hui, je me réjouis qu’avec nos partenaires internationaux nous nous lancions dans une nouvelle aventure afin de faire en sorte que l’idée d’un vaccin à ARN messager contre le paludisme devienne une réalité pour traiter les patients et éradiquer la maladie une fois pour toutes. »
Jutta Urpilainen, commissaire aux partenariats internationaux: « Je salue cette annonce majeure de BioNTech, qui vise à utiliser la technologie de l'ARNm dans la lutte contre le paludisme, une maladie affectant tout particulièrement le continent africain. L’initiative de l'Équipe Europe sur l'amélioration de la production de vaccins et l’accès aux médicaments et technologies de la santé en Afrique soutiendra cet important projet. »
Uğur Şahin, PDG et cofondateur de BioNTech : « Nous sommes déterminés à réduire les souffrances de la population dans le monde entier. C’est pourquoi il est de notre devoir d’utiliser notre technologie dans le but de mettre au point et de fabriquer un vaccin à ARN messager contre cette maladie mortelle. Nous voulons mettre au point des solutions durables pour et avec les populations d’Afrique. La mise en place d’infrastructures pourrait contribuer à lutter contre diverses maladies à l’aide de cette technologie de rupture. S’appuyant sur la technologie de l’ARN messager et sur les compétences acquises avec la pandémie de COVID-19, nos travaux comprendront des investissements substantiels dans la mise au point de vaccins et le transfert de notre savoir-faire en matière de fabrication vers des sites sur le continent africain. »
Parallèlement à la mise au point d’un vaccin antipaludique, BioNTech évaluera la façon d’établir des capacités durables de fabrication d’ARN messager sur le continent africain. L’entreprise prévoit de regrouper ses éventuelles installations africaines avec les pôles de transfert de technologie en cours de développement par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Ces pôles renforceront la capacité des pays à revenu faible ou intermédiaire à fabriquer des vaccins contre le COVID-19 et à accroître la production mondiale de vaccins. L’engagement de BioNTech à l’égard de la production de vaccins sur le continent africain soutient l’initiative Sustainable Healthcare Industry for Resilience in Africa (SHIRA) de l’Équipe Europe, car les installations de fabrication de vaccins à ARN messager prévues par l’entreprise pourraient également produire le vaccin existant contre le COVID-19 ou un éventuel vaccin contre la tuberculose, sous réserve de la mise au point de candidats vaccins et de l’approbation réglementaire.
La lutte contre le paludisme est, depuis plusieurs années, l’une des priorités de l’UE dans les secteurs de la santé et du développement. En 2019, la BEI et la Commission européenne ont soutenu l'EU Malaria Fund, un partenariat public-privé entre l’Union européenne, des organisations internationales, des entreprises et la société civile, initié par la Fondation kENUP. Avec le développement du vaccin antipaludique de BioNTech sur une plateforme technologique éprouvée, l'EU Malaria Fund a accompli sa mission plus tôt que prévu. Par conséquent, sa période d’investissement a pris fin le 30 juin. Le fonds a lancé avec succès plus de deux dizaines d’approches scientifiques novatrices pour lutter contre le paludisme et financé plusieurs entreprises innovantes.
Informations générales
L’Équipe Europe
Née dans le contexte du COVID-19, l’approche Équipe Europe a d’abord été conçue comme un moyen de faire connaître le soutien européen apporté collectivement aux pays partenaires en réponse à la pandémie. L’équipe est composée d’institutions de l’UE, de pays de l’UE et de leurs organismes de mise en œuvre, ainsi que de diverses banques de développement. Aujourd’hui, l’Équipe Europe répond également aux tendances politiques à plus long terme et ce concept sert désormais de modèle pour la coopération au développement à l’échelle de l’UE.
Paludisme
Selon le dernier rapport de l’OMS sur le paludisme dans le monde, plus de 1,5 milliard de cas de paludisme et 7,6 millions de décès ont été évités depuis l’an 2000 grâce aux efforts déployés à l’échelle mondiale pour lutter contre cette maladie. Toutefois, ces dernières années, les avancées enregistrées dans la lutte contre le paludisme ont atteint un plateau et la réalisation des objectifs critiques n’est pas en bonne voie. En 2019, on dénombrait environ 229 millions de nouveaux cas de paludisme dans le monde, une estimation annuelle qui est restée pratiquement inchangée au cours des quatre dernières années. Le paludisme a fait quelque 409 000 victimes en 2019, contre 411 000 en 2018, dont environ les trois quarts sont des enfants de moins de cinq ans.
eradicateMalaria
L’initiative eradicateMalaria est gérée par la Fondation kENUP, une fondation d’utilité publique à but non lucratif qui soutient l’innovation fondée sur la recherche dans les industries de la santé au sens large, dans l’intérêt de la société. Elle vise à lancer des innovations dans la lutte contre le paludisme. Conformément aux orientations de l’OMS et du conseil scientifique d’eradicateMalaria, d’autres projets de diverses entreprises peuvent être considérés dans le cadre du dispositif eradicateMalaria.
Appui de la Commission européenne à la recherche sur le paludisme
Dans le cadre du septième programme-cadre (2007-2013) et du programme Horizon 2020 pour la recherche et l’innovation, l’UE a soutenu 86 projets de recherche sur le paludisme avec un financement de 160 millions d’EUR. Ces projets étaient axés sur le diagnostic, la mise au point de vaccins, la lutte anti-vectorielle, le traitement ainsi que sur la recherche fondamentale et opérationnelle, les infrastructures de recherche et la formation.
L’Europe a également dirigé le partenariat des pays européens et en développement sur les essais cliniques (EDCTP), qui a été lancé en 2003 avec 16 pays européens pour soutenir les essais cliniques et le renforcement des capacités de lutte contre le paludisme et d’autres maladies infectieuses en Afrique. À ce jour, cette initiative a soutenu 74 projets pour un montant de 135 millions d’EUR.
Volet Recherche sur les maladies infectieuses du dispositif InnovFin
Initiative conjointe de la Commission européenne et du Groupe BEI, le volet Recherche sur les maladies infectieuses du dispositif InnovFin s’inscrit dans le cadre d’Horizon 2020, le programme de recherche et d’innovation de l’UE pour la période 2014-2020. Il permet à la Banque de mettre entre 7,5 millions d’EUR et 75 millions d’EUR à la disposition d’acteurs innovants intervenant dans la mise au point de vaccins, de médicaments, de dispositifs médicaux et de diagnostic ainsi que d’infrastructures de recherche pour la lutte contre les maladies infectieuses. Les financements sont principalement destinés à des projets ayant achevé leur phase préclinique et nécessitant une validation clinique pour poursuivre leur développement. Afin de renforcer sa capacité à faire face à la pandémie de coronavirus, le volet Recherche sur les maladies infectieuses d’InnovFin a fait l’objet d’une augmentation de 400 millions d’EUR.