Le plan d’investissement pour l'Europe a remis les investissements à long terme et la compétitivité économique de l'Europe à l'ordre du jour. Il met également l'accent sur certaines questions fondamentales concernant l'économie européenne : investissons-nous suffisamment ? quelles sont les entraves aux investissements ? Comment les investissements peuvent-ils soutenir l’innovation et la compétitivité de l'Europe ?
Le ralentissement de la productivité entrave la compétitivité de l'Europe sur les marchés mondiaux. C'est le message qu'ont formulé des experts économiques et des décideurs politiques en se penchant sur les récentes initiatives politiques et macroéconomiques lancées pour rétablir la compétitivité en Europe et répondre aux besoins en investissements structurels. Rassemblant plus d'une centaine de participants des secteurs universitaire, public et privé, la conférence annuelle de la BEI sur l'économie s'est tenue le 3 mars à Berlin, dans le cadre de la manifestation « Une nouvelle dynamique pour l'Europe » organisée par la Banque.
Créer les conditions adéquates pour les investissements et l'innovation
Dans son allocution d’ouverture, Werner Hoyer, le président de la BEI, a appelé au déploiement d'efforts concertés pour créer un environnement naturellement propice aux investissements et à l'innovation : « Cela implique une série de réformes structurelles dans les États membres, des efforts visant à compléter le marché intérieur de l'UE là où cela s'avère nécessaire, ainsi qu'une dynamique d'investissement bien ciblée qui permet de relever des défis de compétitivité à long terme ». Werner Hoyer a également souligné l'évolution de l'environnement concurrentiel au niveau mondial : « Dans le contexte de la mondialisation, la concurrence s'exerce réellement entre les entreprises, pas entre les pays. C'est avant tout au niveau de l'entreprise que les processus d'innovation essentiels interviennent. Mais cela ne signifie pas que les décideurs politiques et les institutions publiques peuvent tout simplement s'en laver les mains et espérer que tout ira pour le mieux. Nous avons un rôle crucial à jouer pour créer les conditions adéquates et fournir les incitations appropriées favorisant un processus d’innovation dynamique ».
Renforcer l'impact des investissements et cibler les lacunes du marché
Des groupes d'experts ont ensuite examiné les dernières tendances en matière d'investissement et la situation concurrentielle de l'Europe par rapport au reste du monde. Les taux d'investissement étant actuellement inférieurs aux niveaux de dépréciation, ils ont analysé les besoins en la matière et le rôle des initiatives publiques visant à stimuler les investissements publics et privés qui améliorent la productivité et renforcent la croissance. Alors que les banques européennes sont confrontées à des contraintes qui nuisent à leur capacité à absorber davantage de risques, il a été avancé que le niveau élevé de liquidités dans le système ne se traduisait pas par la mise en œuvre des instruments de financement à risques appropriés. Pourtant, pour être compétitif dans un monde de plus en plus ouvert, une économie dynamique et technologiquement innovante est essentielle.
« Les politiques budgétaires, monétaires et structurelles sont complémentaires », a déclaré Catherine Mann, économiste en chef à l'OCDE. « On ne peut se contenter de simplement réduire le volet structurel, de dire ce qu'il faut faire et, dans le même temps, ignorer la situation en matière de gestion de la demande. Pour que les réformes structurelles aient un véritable impact, un environnement de forte demande est nécessaire ». Et Mme Mann de se demander comment le Plan d'investissement pour l'Europe, ou « plan Juncker », pouvait contribuer à relever ces défis. « Nous constatons que les multiplicateurs de dépenses collectives sont plus importants que ceux des projets nationaux individuels. L'action collective est donc importante. Ensuite, nous pensons que l'harmonisation des règlements peut contribuer à accroître l'IDE transfrontalier et à renforcer, jusqu'à 25 %, l'intensité des échanges en Europe. Les gains potentiels du parachèvement du marché unique sont donc très importants ».
Pour Debora Revoltella, économiste en chef à la BEI, une dynamique d'investissement bien ciblée, comme le Plan d'investissement pour l'Europe, peut contribuer à traiter des problèmes cycliques à court terme tout en relevant des défis de compétitivité à long terme : « Ce genre d'initiative cible les besoins en investissements propices à l'amélioration de la compétitivité, comme dans le cas des projets liés à la recherche-développement, à l'éducation et aux infrastructures stratégiques. L'intervention publique destinée à favoriser ce type d'investissement doit faire l'objet d'une gestion transparente. Elle doit combler les lacunes du marché sans nuire à la concurrence ».
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