La conférence United in Ukraine’s Recovery pour le relèvement de l’Ukraine a réuni des partenaires internationaux de la Commission européenne (CE), de la Banque européenne d’investissement (BEI), du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et des autorités locales ukrainiennes. Elle a offert aux parties prenantes un forum essentiel pour discuter des réalisations du partenariat CE-BEI-PNUD, réfléchir aux défis de la reconstruction et répondre aux besoins immédiats de la population alors que l’Ukraine s’apprête à vivre un troisième hiver difficile en temps de guerre.
Depuis l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie en février 2022, les attaques ont causé des dommages aux biens estimés à 152 milliards de dollars américains – 60 % du PIB ukrainien d’avant-guerre – ainsi que des pertes économiques de 499 milliards de dollars. Quelque deux millions de logements, 8 400 kilomètres de routes et plus de 300 ponts ont été détruits ou endommagés. Les coûts de redressement et de reconstruction devraient atteindre 486 milliards de dollars. Selon les estimations des Nations unies, 14,6 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire, et le conflit a fait régresser de 18 ans le développement socio-économique du pays.
Ce partenariat, soutenu par l’État ukrainien et facilité par les programmes de relèvement de la BEI, a un impact notable sur le terrain. Il contribue à renforcer la capacité de près de 300 municipalités dans le pays, de sorte que les projets d’infrastructure essentiels tels que la rénovation d’écoles, d’hôpitaux et de centres sportifs sont menés à bien rapidement et efficacement. En mettant l’accent sur l’efficacité énergétique et la pérennisation d’équipements publics majeurs, le partenariat non seulement répond aux besoins urgents de reconstruction, mais il contribue également aux objectifs à long terme de l’Ukraine en matière d’indépendance énergétique et de durabilité.
Teresa Czerwińska, vice-présidente de la BEI chargée de la supervision des opérations de la Banque en Ukraine, et Ivana Živković, sous-secrétaire générale et directrice du bureau régional du PNUD pour l’Europe et l’Asie centrale, ont prononcé chacune un discours liminaire.
Teresa Czerwińska : « L’Ukraine est l’une des grandes priorités de la BEI. Grâce à nos efforts conjoints, plus d’une centaine d’écoles, des hôpitaux et des bâtiments publics ont été restaurés, tandis que plus de 200 projets sont à différents stades de construction dans plus de 120 communautés touchées par la guerre. Loin de constituer seulement des actifs physiques, ces infrastructures jouent un rôle vital pour ces villes et villages. Elles permettent de rétablir le système éducatif, les soins de santé, l’approvisionnement en eau, les logements et les services publics pour les habitants. Récemment, par exemple, nous avons inauguré des installations pour approvisionner en eau potable plus de 9 000 habitants de Boutcha, une ville qui a été occupée au début de la guerre. »
Ivana Živković : « La résilience du peuple ukrainien me donne des raisons d’espérer, mais les attaques incessantes menacent d’effacer les progrès enregistrés au prix de nos efforts conjoints de redressement. Nous devons continuer à soutenir l’Ukraine avec détermination et veiller à prendre en compte dans notre réponse les enseignements tirés de notre expérience. Nos partenariats basés sur la confiance nous ont permis de répondre rapidement et efficacement aux besoins de l’Ukraine. Il ne s’agit pas seulement de reconstruire les infrastructures, mais aussi de donner les moyens aux communautés locales de se rétablir par elles-mêmes. C’est ainsi que nous garantissons la résilience et la durabilité. »
Donner des moyens aux collectivités locales
Ces projets de reconstruction sont soutenus par des partenaires internationaux, mais entièrement gérés par des collectivités locales. Elles ont un rôle d’impulsion essentiel pour mener à bien des projets adaptés aux besoins de chaque communauté. Deux maires ukrainiens ont présenté les modalités des projets de reconstruction en cours dans leur région et témoigné de l’esprit de résilience de l’Ukraine qui s’épanouit jusque dans les plus petites communautés. Ils sont un exemple du volontarisme des administrations locales ; ils s’emploient à réparer les dommages de guerre, à accueillir les personnes déplacées et à favoriser l’essor de leur village en dépit de l’adversité et des tendances pressantes de l’urbanisation moderne.
Mykhailo Demchenko, chef de la communauté territoriale de Stryjavka dans la région de Vinnytsia : « À Stryjavka, nous travaillons sur des projets clés. Il s’agit notamment de la construction d’un nouveau bâtiment administratif et d’importants travaux de réparation de deux écoles locales récemment inaugurées. Ces initiatives, qui s’inscrivent dans le cadre du programme de relèvement de l’Ukraine, sont essentielles pour restaurer non seulement les infrastructures, mais aussi l’esprit et les fonctions de la communauté. Avec le soutien de la délégation de l’UE, de la BEI et du PNUD, nous construisons un avenir meilleur pour les habitants de notre ville et pour les personnes déplacées à l’intérieur du pays que nous accueillons. »
Ruslan Yaremchuk, chef de la communauté territoriale de Palanka dans la région de Tcherkassy : « Notre communauté fait porter ses efforts sur la reconstruction des établissements d’enseignement qui ont été gravement endommagés pendant la guerre, notamment le lycée de Palanka et l’école secondaire d’Horodetsk. Nous rénovons également le jardin d’enfants de Palanka, de sorte que nos plus jeunes habitants disposent d’un endroit sûr pour leurs apprentissages. Ces projets, qui représentent un investissement total de plus de 4 millions d’euros, sont essentiels pour la résilience à long terme de Palanka. »
Des initiatives de reconstruction et des réformes à long terme essentielles
Kristina Mikulova, cheffe du pôle régional de la BEI pour l’Europe orientale, a animé la table ronde sur le thème de l’évolution des besoins de l’Ukraine. Vsevolod Chentsov, chef de la mission de l’Ukraine auprès de l’UE, a souligné les priorités absolues du pays, en particulier à l’approche de l’hiver : « Les frappes actuelles de missiles et de drones russes ont détruit une capacité de production d’électricité de l’Ukraine de 9 GW, ce qui nous met dans une situation critique et urgente. Le soutien financier de l’Union européenne, qui a déjà mis à disposition plus de 2 milliards d’euros d’aide, et la contribution des États membres, constituée pour partie de fonds issus des actifs russes gelés, revêtent une importance cruciale pour prévenir le pire cet hiver. »
Anna Jarosz Friis, directrice du service pour l’Ukraine à la DG NEAR, a souligné l’engagement de la Commission européenne à soutenir l’Ukraine par l’intermédiaire de la facilité pour l’Ukraine 2024-2027, qui vise à la fois à répondre aux besoins immédiats de reconstruction et à appuyer les réformes à long terme. Violaine Silvestro von Kameke, conseillère principale à la BEI, a témoigné de l’impact tangible des récents projets qu’elle a inaugurés et de la manière dont les prêts-cadres de la BEI ont amélioré les conditions de vie de plus de 120 communautés. Enfin, Jaco Cilliers, représentant résident du PNUD en Ukraine, a présenté des enseignements précieux tirés du vaste programme de réponse aux crises du PNUD et établi un rapprochement entre les efforts de relèvement rapide de l’Ukraine et des initiatives similaires dans d’autres environnements fragiles dans le monde.
Perspectives : bâtir un avenir résilient pour l’Ukraine
À l’heure où l’Ukraine fait face aux défis actuels posés par la guerre, le soutien international reste crucial. Le partenariat UE-BEI-PNUD continuera de jouer un rôle central pour répondre à la fois aux besoins immédiats de redressement et aux objectifs d’investissement à long terme, en particulier dans la perspective de l’adhésion de l’Ukraine à l’UE. La conférence a mis en évidence les progrès accomplis jusqu’à présent, tout en mesurant le long chemin qui reste à parcourir pour reconstruire une Ukraine résiliente et durable.