Le 4 décembre 2023, Werner Hoyer, président de la BEI, a participé à une session thématique de la COP 28 portant sur les clauses de résilience climatique dans les contrats de financement des BMD.
Suivez notre participation à la COP 28.
Seul le discours prononcé fait foi.
Monsieur le Premier Ministre,
Monsieur le Ministre,
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,
Pour certains, il convient de considérer que chacun de nous est responsable de son propre sort. De ses succès comme de ses échecs. De sa prospérité, mais aussi de ses dettes.
Et dans ma position de libéral et de banquier, j’ai entendu cette antienne de nombreuses fois moi-même. Mais j’en ai trop vu au cours des dernières décennies dans les domaines de la politique étrangère et de la banque.
Trop souvent, notre destin est simplement le produit des circonstances : l’histoire, des erreurs passées, un simple hasard ou une catastrophe naturelle.
De plus en plus, nos perspectives sont sapées par ce que j’appelle des « catastrophes non naturelles ». Des tragédies causées par les changements climatiques.
Ces tragédies nous frappent avec une intensité et une fréquence qui ne cessent de croître. Personne n’est à l’abri – il suffit de regarder ce qui s’est passé dans des territoires riches comme le Canada ou Hawaï l’été dernier.
Mais certains territoires sont plus vulnérables que d’autres. C’est le cas des petites nations insulaires qui sont victimes de notre incapacité collective.
Que faut-il donc faire ?
Premièrement, il convient d’attaquer le problème à la source : les changements climatiques. C’est pourquoi la BEI a progressivement supprimé le financement des combustibles fossiles et investit à l’heure actuelle des montants records dans les énergies renouvelables.
Deuxièmement, il convient de faire preuve de solidarité. C’est ce vers quoi nous tendons avec la mise en place de clauses de résilience climatique dans les contrats de financement. Nous donnons à nos partenaires un peu d’air en activant le report de remboursement de leur prêt en cas de catastrophe.
Pourquoi mettons-nous en place de telles clauses ? Ce n’est pas par noblesse de caractère ou par générosité. Nous sommes une banque, et une banque prospère doit gagner la confiance de ses partenaires et de ses clients.
Nous ne voulons pas en outre que les changements climatiques alimentent l’insécurité alimentaire et hydrique, les conflits et les migrations de masse. Garder une planète habitable est dans l’intérêt de nos actionnaires, qui sont les États membres de l’UE. Mais cet objectif sera atteint seulement si le monde entier participe à la lutte contre les changements climatiques.
Et le monde ne se mettra en branle qu’à la condition que nous montrions – non pas par des mots, mais par des actions – que nous sommes ensemble dans cette entreprise. C’est pourquoi nous devons partager les possibilités offertes par la transition écologique. Et nous devons aussi partager les risques et les coûts liés au réchauffement de la planète.
Pour cette raison, la Banque européenne d’investissement a commencé à proposer des clauses de résilience face aux changements climatiques dans ses contrats de prêt. Non pas parce que nous sommes prêtres, mais parce que nous sommes banquiers. Un bon banquier traite ses clients sur un pied d’égalité.
Merci de votre attention.