Discours d’ouverture de Nadia Calviño, présidente de la BEI, lors d’un événement sur le soutien au logement abordable et durable dans l’UE
Chers collègues, chers amis,
C’est avec grand plaisir que je vous accueille à ce premier événement [sur le logement] dans le but de donner le coup d’envoi à un axe de travail sur un des sujets prioritaires pour le Groupe Banque européenne d’investissement et, je crois, l’une des principales préoccupations des citoyens, des entreprises et des États européens, assurément ces dernières années, en raison de l’augmentation des coûts pour le secteur du bâtiment et aussi de l’écart entre le parc existant et les besoins découlant de nos engagements en matière d’action pour le climat.
Le logement est sans aucun doute une priorité absolue pour les citoyens européens, les États membres et les institutions européennes, comme le montre le fait qu’aujourd’hui, alors que nous nous préparions à cet événement, la présidente von der Leyen, dans son discours au Parlement européen (et nous venons d’apprendre qu’elle y a recueilli un soutien très solide), a cité le logement parmi les priorités à traiter.
Au cours du prochain mandat de la Commission, elle nommera un commissaire européen chargé de cette question. Elle lancera pour la toute première fois un plan européen pour le logement abordable, en partenariat étroit avec le Groupe Banque européenne d’investissement. Et elle veut mettre sur pied une plateforme d’investissement paneuropéenne pour des logements abordables et durables afin de mobiliser davantage d’investissements publics et privés dans ce domaine.
La réunion d’aujourd’hui vient vraiment à point nommé, et je suis très heureuse de constater que nous avons réuni plus de 300 participants, en présentiel pour certains d’entre vous et beaucoup en ligne. Des participants venant des ministères nationaux, notamment des finances et du logement, et des banques nationales de promotion économique. Nous comptons aussi des représentants de villes, d’associations de logement, des experts du secteur de la construction et, bien sûr, nos partenaires de la Commission européenne.
Notre partenariat est absolument essentiel pour faire en sorte que les volets législatifs et financiers soient pleinement alignés pour répondre à ce défi de taille. Aujourd’hui, nos discussions nous donneront l’occasion de passer des exemples en revue, de présenter des programmes nationaux et d’échanger des idées. J’espère que nous sortirons de cette réunion avec un certain nombre d’idées sur la façon dont nous pouvons construire cette plateforme paneuropéenne et combler le déficit d’investissement. Et je suis également sûre que vous serez nombreux à nous faire profiter de votre expérience et de votre avis quant à l’ampleur du défi que cela représente pour l’économie européenne.
La moitié des logements en Europe ont été construits avant 1980, des investissements massifs sont nécessaires pour l’efficacité énergétique et seuls 5 % du parc immobilier en Europe ont fait l’objet de rénovations. Les besoins d’investissement sont estimés à 275 milliards d’euros par an rien que pour faire face aux rénovations nécessaires et à la modernisation du parc immobilier existant, afin d’assurer une amélioration de l’isolation, des systèmes de chauffage, des systèmes de refroidissement, de la production et du stockage d’énergie, etc.
Les besoins sont immenses, et c’est pourquoi nous avons besoin d’une approche collective. Aujourd’hui, nous voulons travailler à cette approche collective, ce processus de travail constructif et coopératif visant à élaborer cette solution paneuropéenne, en nous penchant sur l’innovation technologique dans l’industrie du bâtiment, les nouveaux matériaux, l’économie circulaire, les nouvelles technologies, la transformation numérique des processus qui vont augmenter les performances et la productivité du secteur du bâtiment en Europe, ce qui réduira les coûts pour les entreprises européennes et améliorera ainsi également la compétitivité de nos économies.
Nous aborderons ensuite la modernisation du parc immobilier. J’ai déjà mentionné les besoins massifs des entreprises européennes et des pays européens, qui varient certes en fonction des spécificités des zones géographiques, des zones climatiques et de l’histoire des pays, mais qui sont très importants dans tous les États membres, comme tous les Premiers ministres et les ministres des finances de toute l’UE me l’ont dit depuis que je suis à la tête de la Banque européenne d’investissement.
Pour finir, nous nous intéresserons, en vue du développement de logements intermédiaires et sociaux, à la coopération avec des partenaires nationaux et d’autres partenaires européens et internationaux. Comme je l’ai dit, les objectifs sont multiples. Alors que nous entamons ces travaux, nous avons à l’esprit la compétitivité de l’économie européenne. Nous avons l’intention de réduire les factures énergétiques et l’empreinte carbone du secteur du logement, ce qui est essentiel pour respecter nos engagements de réduction des émissions de CO2 au titre de l’accord de Paris, et bien sûr aussi de fournir des logements abordables aux familles européennes, en accordant une attention particulière aux jeunes générations.
J’espère que la réunion d’aujourd’hui, la première d’une longue série, commencera déjà à apporter de bons exemples, des bonnes pratiques que nous pourrions amplifier pour atteindre l’échelle et la taille nécessaires et ainsi relever le défi européen.
Le Groupe Banque européenne d’investissement investit massivement dans le secteur du logement. Rien que ces cinq dernières années, nous avons mis quelque 13,4 milliards d’euros à disposition à l’appui du logement abordable et durable. Cette semaine, nous avons signé un prêt de 490 millions d’euros pour la construction de logements en Catalogne. Pas plus tard qu’hier, notre Conseil d’administration a approuvé de nouveaux investissements en faveur du logement abordable et durable en Suède, en Allemagne et en Roumanie. Vous en apprendrez davantage aujourd’hui sur le programme de prêts pour la rénovation énergétique des logements en Irlande, qui est soutenu par la Banque européenne d’investissement. Nous voulons examiner tous ces exemples et veiller à ce que nous ne tentions pas de réinventer la roue chacun de notre côté. L’idée serait plutôt d’essayer de rassembler ces efforts et ces investissements et d’apprendre les uns des autres, afin que nous puissions vraiment trouver des solutions européennes et les porter à plus grande échelle.
Il s’agit là d’un concept très important. J’ai ouvert mon intervention par ce thème, et c’est aussi par là que je souhaite la clore. Dans ce domaine, l’échelle est essentielle. Les projets que nous finançons peuvent porter sur des dizaines voire des centaines de maisons, mais nous parlons ici de millions de maisons en Europe qui doivent être modernisées ou rénovées. Les besoins sont énormes, mais il s’agit aussi d’une excellente occasion de faire changer d’échelle un domaine qui peut également contribuer à l’union des marchés des capitaux. C’est une autre priorité. Les dirigeants européens s’accordent sur la nécessité de promouvoir et d’encourager l’intégration des marchés européens des capitaux. Le Groupe Banque européenne d’investissement est en soi un instrument de l’union des marchés des capitaux. Nous émettons des obligations sous une signature européenne commune. Nous canalisons l’épargne vers des investissements productifs dans l’Union européenne et nous sommes en très bonne position – la BEI et sa filiale pour les financements à risque, le Fonds européen d’investissement – pour contribuer à la mise en place de marchés des capitaux plus solides, plus profonds et plus liquides en Europe afin de financer les besoins d’investissement du secteur privé à l’avenir.
La dynamique est là, à la fois pour faire du logement la priorité absolue et pour approfondir l’union des marchés des capitaux. Et c’est pourquoi il était urgent, et cela est si opportun, que nous nous rassemblions à l’occasion de cette première réunion. Comme je l’ai dit, cette réunion est la première d’une longue série. Avec vous, avec le secteur public, avec le secteur privé, nous instaurerons un dialogue dans un format bilatéral ou selon différentes configurations pour voir comment nous pouvons tirer parti de la dynamique existante et répondre aux attentes des citoyens européens, tout en veillant à ce que l’Europe reste le meilleur endroit où vivre et s’épanouir, en particulier pour les jeunes générations.
Permettez-moi de conclure en vous souhaitant une discussion très productive. La réunion sera animée par David Yormesor, membre de l’équipe de communication de la Banque européenne d’investissement, et présidée par Ioannis Tsakiris, vice-président chargé de superviser la priorité absolue qu’est le logement.
À vous de jouer ! Je vous remercie de votre attention.