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Fiche-projet AMBATOVY NICKEL (Madagascar)

14 septembre 2007

Le 22 août 2007, la BEI a signé un prêt d’un montant de 300 millions d’USD (environ 215 millions d’EUR) en faveur d'Ambatovy Minerals SA (AMSA) et de Dynatec Madagascar SA (DMSA) pour un projet d’extraction et de transformation de nickel et de cobalt à Madagascar.  

Le projet se compose de trois grands volets : l’aménagement et la mise en valeur d’une mine de nickel et de cobalt à ciel ouvert, à environ 80 km à l’est de la capitale, Antananarivo ; la construction et l’exploitation d’une grande usine de traitement hydrométallurgique du minerai, à 11 km de Toamasina, le plus grand port de Madagascar ; la construction et l’exploitation d’un pipeline à boues de 220 km entre la mine et l’usine de traitement. L’usine de traitement, qui est de loin la plus grande composante du projet, permettra de créer une importante valeur ajoutée dans le pays, par comparaison avec l’exportation du minerai brut. Le projet Ambatovy, qui bénéficie de l’appui d’une solide base d’actionnaires internationaux (Sherritt Intl. Corp., Sumitomo Corp., Korea Resources Corp et SNC-Lavalin), produira environ 60 000 tonnes de nickel et 5 600 tonnes de cobalt par an, ce qui en fait l’un des plus grands projets d’extraction et de transformation du nickel. De plus, ses caractéristiques géologiques favorables sont telles que ses coûts de production figurent parmi les plus bas au monde.  

L’intervention de la BEI

Le prêt de la BEI représente une proportion substantielle des 2,1 milliards d’USD d’emprunts contractés pour le projet, dont le coût total est estimé à 3,78 milliards d’USD. Outre la Banque africaine de développement (BAfD), les autres bailleurs de fonds sont la Japanese Bank for International Cooperation (JBIC), The Export-Import Bank of Korea (Eximbank), la banque Export Development Canada (EDC), ainsi que plusieurs banques commerciales européennes. Ce projet présente un intérêt pour l’UE du fait de la demande de nickel et de cobalt existant dans les États membres.  

Dans le cadre de l'Accord de partenariat de Cotonou signé en juin 2000, la BEI contribue à la réalisation des politiques de coopération et d’aide au développement menées par l’Union européenne dans les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP). Les opérations de la BEI dans ces régions contribuent à un développement économique et social durable et à la réduction de la pauvreté, notamment par un soutien aux investissements du secteur privé.

En finançant le projet Ambatovy, qui correspond pleinement à sa stratégie dans les pays ACP, la BEI apportera des ressources à long terme qui ne seraient pas disponibles autrement pour une telle opération de financement à recours limité à l’appui d'un projet de grande ampleur dans un pays ACP.  

Le Plan d’action Madagascar 2007-2012

La promotion de l’exploitation minière à grande échelle, de l’activité du secteur privé et des investissements étrangers directs figure parmi les premières priorités de développement de Madagascar. Le Plan d’action Madagascar 2007-2012 (MAP) est un ambitieux programme quinquennal qui a pour but de faire décoller la croissance économique, de réaliser les Objectifs de développement des Nations Unies pour le millénaire et de réduire de moitié la pauvreté d’ici 2015.   

Un des objectifs du MAP est d’élargir la base d’exportation de Madagascar, qui, à l’heure actuelle, repose presqu’exclusivement sur le textile et l’agroalimentaire. Un élément central de ce programme est le développement de l’exploitation des ressources minérales du pays. Celles-ci sont restées en grande partie inexploitées pendant des décennies, mais la politique économique actuellement stable et propice aux affaires, asociée à une législation minière favorable, élaborée avec l’aide de la Banque mondiale, ouvre aujourd’hui la voie au décollage de ce secteur clé.

Un développement social et économique durable

 Le projet Ambatovy éclaire déjà les perspectives de développement économique de Madagascar. Il devrait en effet entraîner un doublement du niveau des exportations par rapport à 2006, une augmentation de 10 % du PIB et la génération de recettes budgétaires pour l’État sous la forme de droits d’exploitation, de taxes et de redevances. Le projet profitera aussi indirectement aux entreprises locales, et le secteur bancaire s’apprête à soutenir les prestataires de services et fournisseurs du projet.

Grâce à des travaux préparatoires approfondis et à des mesures de sauvegarde appropriées, le projet aura des retombées positives sur le plan social, notamment en matière d’emploi ; on estime ainsi que plus de 1 600 emplois directs seront créés et au moins cinq fois plus d’emplois indirects dans les activités économiques connexes. Le projet comprend des programmes d’accompagnement, d’un montant de 300 millions d’USD, portant sur des mesures de développement dans le domaine social (santé et sécurité notamment), ainsi que sur l’amélioration des infrastructures locales et la création d’infrastructures industrielles.

Protéger un environnement unique

La nécessité de protéger la biodiversité remarquable de Madagascar, et plus particulièrement ses nombreuses espèces menacées, a été soigneusement prise en compte durant les dix années de préparation du projet. Une série de mesures ont été adoptées pour gérer la préservation de la biodiversité, notamment la création d’une zone tampon de forêt primaire autour de la mine et l’amélioration de la gestion durable des ressources naturelles existantes.

Une évaluation détaillée des incidences sociales et environnementales (EISE) conforme aux directives européennes a été réalisée de manière indépendante et approuvée au début de 2007 par l’Office national de l’environnement, l’autorité locale compétente. Cette EISE comporte une analyse des aspects sociaux, un cycle de consultations publiques ainsi qu’un plan préliminaire de gestion de l’environnement. Ces étapes ont été menées conformément aux meilleures pratiques applicables et aux normes environnementales préconisées par la BEI et l’UE, sauf en ce qui concerne les émissions de la future centrale de production d’électricité et de vapeur alimentée au charbon, qui respecteront toutefois les normes de la Banque mondiale. L’EISE et le plan de gestion de l’environnement peuvent être consultés sur le site Web du promoteur :http://www.sherritt.com/doc08/subsection.php?submenuid=operations&category=operations/metals_ambatovy

Les consultations avec la population et les responsables locaux ainsi qu’avec d’autres groupes de la société civile ont fait partie intégrante de la préparation du projet. Les discussions menées par la BEI avec les ONG et la communauté internationale des donateurs ont été axées sur la nécessité de prendre des mesures appropriées pour garantir une protection environnementale et sociale optimale. Elles ont notamment tenu compte du fait qu’un grand projet minier comme Ambatovy se doit, par son soutien substantiel au développement économique, de préserver l’environnement fragile du pays en limitant le recours incontrôlé à la pratique traditionnelle de la culture sur brûlis.

La BEI à Madagascar

Depuis son premier prêt à la République de Madagascar en 1970, la BEI n’a cessé d’être un investisseur actif dans le développement du pays. Ses financements – un montant total de 393 millions d’EUR de prêts signés depuis la première opération – se concentrent essentiellement sur les secteurs de l’industrie et des infrastructures.