Le projet
Le projet, qui a démarré en 2007, porte sur la construction d'une centrale électrique, d'une capacité de 600 MW, alimentée au lignite et équipée d'une turbine à vapeur utilisant la technologie de la chaudière supercritique, ainsi que sur la réalisation d'équipements connexes : tour de refroidissement, cheminée, unité de désulfurisation des gaz de combustion, systèmes de traitement et de contrôle des eaux usées et raccordement à une sous-station existante.
D'un rendement global de 46 %, la centrale fonctionnera sur un mode de cogénération (fourniture de chaleur au réseau de chauffage urbain local) et remplacera dans une large mesure les capacités de production existantes alimentées au lignite et dont les rendements de conversion énergétique sont faibles (26 à 33 %). Par voie de conséquence, la consommation de lignite et les émissions de CO2 demeureront aux niveaux actuels mais la production d'électricité augmentera, elle, de plus de 30 %. Le projet, de par sa conception, est prêt pour le captage du dioxyde de carbone puisqu'un vaste espace est disponible pour l'installation future de systèmes d'épuration des gaz de combustion. Le promoteur a envisagé la possibilité d'un stockage du CO2 sur le long terme.
La technologie retenue pour l'unité 6 de la centrale de Šoštanj est considérée comme la meilleure technologie disponible pour l'utilisation du lignite en tant que source d'énergie primaire pour la production d'électricité. Elle permet en outre un rendement de conversion énergétique élevé et un fonctionnement dans le respect des règles en vigueur.
Participation de la BEI
La BEI soutient le projet à l'aide de prêts totalisant 550 millions d'EUR qui ont été signés en 2007 et 2010 et qui sont maintenant décaissés en totalité.
De plus, le projet répond aux critères de la BEI en matière de financement de nouvelles centrales au charbon ou au lignite, et en particulier :
- il a recours à une technologie de production supercritique à la pointe du progrès et est prêt au stockage du dioxyde de carbone (il présente les caractéristiques requises pour l'installation ultérieure d'un dispositif de traitement des gaz de combustion, un espace suffisant étant disponible à proximité de la centrale pour la mise en place des équipements nécessaires, et il est déclaré conforme, par les autorités compétentes, à la directive 2009/31/CE relative au stockage géologique du dioxyde de carbone) ;
- il permet d'accroître de plus de 20 % l'efficacité de la production d'électricité par rapport aux unités de production remplacées ;
- il contribue à satisfaire la demande croissante d'électricité en utilisant des ressources en combustibles disponibles sur le territoire national (lignite) et concourt ainsi à la diversification des sources d'énergie dans la région.
Le projet présente différents avantages : il remplace, sur le même site, une capacité de production existante alimentée au lignite peu performante ; il contribue à la sûreté de l'approvisionnement (en évitant la volatilité des prix des combustibles) ; il favorise l'utilisation de ressources locales en combustibles, conformément à la politique énergétique européenne ; il contribue à la diversification des modes de production en Slovénie et il soutient l'emploi dans une région de la convergence.
La BEI et le financement des centrales au charbon
Aux termes de sa politique actuelle de prêt dans le secteur de l'énergie, approuvée par son Conseil des gouverneurs en 2007 et en cours de révision, la Banque peut financer des centrales au charbon ou au lignite dans des conditions très restrictives, en appliquant notamment les « critères de sélection » suivants :
Les nouvelles centrales commerciales alimentées au charbon ou au lignite doivent utiliser les meilleures technologies disponibles et remplir les conditions requises pour l'installation future d'un dispositif de captage du CO2. Elles doivent offrir un bon rapport coût-efficacité, en tenant compte des externalités en matière de CO2, c'est-à-dire qu'elles doivent être en mesure d'exploiter les technologies de captage et de stockage du carbone lorsque ces dernières seront disponibles commercialement. Afin d'éviter un glissement vers une production d'électricité à forte intensité de carbone, les nouvelles centrales doivent remplacer des centrales existantes alimentées au charbon ou au lignite tout en induisant une baisse de 20 % au minimum de l'intensité de carbone.
Les projets de modernisation de centrales existantes au charbon ou au lignite doivent représenter des investissements relativement modestes, de manière à ne pas retarder le remplacement des centrales sur le moyen terme, et ils doivent avoir pour finalité une réduction sensible de la pollution, y compris par un accroissement de l'efficacité énergétique.
Sur la base de ces critères, au moins 20 opérations potentielles ont été jugées non admissibles à un financement de la Banque et les prêts de cette dernière en faveur de projets de production d'électricité à partir du charbon ou du lignite ont représenté 6 % environ des projets de production d'électricité financés par la Banque entre 2007 et 2012.
Financements de la BEI à l'appui de projets d'énergie propre en Slovénie
À ce jour, la Banque a prêté 220 millions d'EUR pour le financement, en Slovénie, de projets dans les secteurs des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique. Elle a en particulier octroyé des prêts pour la construction et l'exploitation de deux centrales hydroélectriques, d'une unité à accumulation par pompage et de plusieurs investissements dans le secteur de la protection et de l'amélioration de l'environnement. Par ailleurs, la Banque procède actuellement à l'instruction de nouveaux investissements en vue de cofinancer des projets réalisés par des ménages et des projets de petite et moyenne dimension dans les domaines de l'efficacité énergétique et des énergies renouvelables.
Les objectifs à long terme de la politique de la Slovénie en faveur du climat et le système d'échange de quotas d'émission de l'UE
La Slovénie dispose d'un bouquet énergétique diversifié, réparti, au moment de l'instruction, entre la production d'origine nucléaire (40 %), thermique (36 %) et hydraulique (24 %). Le volume net des importations est négligeable, mais les échanges commerciaux représentent une activité importante. Le pays possède des ressources énergétiques limitées sur son territoire (principalement du charbon sous-bitumeux, du lignite et de l'énergie hydraulique) et 100 % de ses besoins en pétrole et en gaz naturel et plus de 20 % de ses besoins en charbon sont couverts par les importations. D'après le plan énergétique national, la capacité de production d'électricité de la Slovénie doit augmenter au même rythme que la demande. Il est prévu d'installer de nouvelles unités à turbine à gaz à cycle combiné, des centrales de cogénération, des centrales hydroélectriques et des centrales utilisant d'autres sources d'énergie renouvelable. La part du gaz naturel et des énergies renouvelables dans le volume de production total va augmenter alors que celle du charbon va baisser en valeur relative.
Les objectifs de la Slovénie à l'horizon 2020 et au-delà pour ce qui concerne les changements climatiques sont définis dans le cadre des grands objectifs fixés en matière d'énergie, et sont axés principalement sur la nécessaire diversification énergétique et sur la sûreté de l'approvisionnement. La centrale TES participera à l'échange de quotas d'émission dans le cadre du système de l'UE prévu à cet effet.
Enquêtes en cours
Le projet fait actuellement l'objet d'enquêtes qui ont été lancées par plusieurs organismes et agences au niveau tant national qu'européen, y compris par le service de traitement des plaintes de la BEI.
La Banque suit de près ces enquêtes en cours et a pris les mesures juridiques nécessaires concernant son prêt de manière à s'assurer que le projet soit pleinement conforme aux politiques de la BEI et à la législation nationale et européenne et que, par ailleurs, les mesures correctives appropriées soient appliquées si l'une ou l'autre des allégations concernant le projet venaient à se confirmer.
En attendant les conclusions des enquêtes menées au sujet de ces allégations, la Banque procédera à un suivi rigoureux de la mise en œuvre du projet.