Face au défi immédiat de la pandémie de COVID-19, la Banque européenne d’investissement a agi de manière résolue pour protéger l’emploi, soutenir les industries touchées par la crise et aider à absorber les chocs économiques les plus violents. Nous n’avons pas pour autant dérogé à notre engagement dans la lutte à long terme contre la menace que représentent les changements climatiques. Nous avons mis à profit notre expérience et notre savoir-faire pour intégrer nos objectifs climatiques au filet de sécurité que nous avons conçu face à la pandémie. Personne n’a intérêt à une simple reconstruction. Avec le soutien de la BEI, l’Europe et le reste du monde peuvent reconstruire en mieux.
En 2020, nous avons ciblé la lutte contre le coronavirus proprement dite, en finançant des entreprises qui mènent des activités de recherche dans les domaines des tests, des traitements et des vaccins. Nos financements ont soutenu les systèmes de santé des pays de l’Union européenne et appuyé la mise au point de technologies clés susceptibles de raccourcir la durée de la pandémie. En réponse aux conséquences économiques de la pandémie, nous avons pris une série de mesures immédiates visant à injecter des liquidités dans l’économie, au bénéfice en particulier des petites entreprises, tout en élaborant un dispositif plus complet, le Fonds de garantie paneuropéen.
+ En savoirContrairement aux chocs antérieurs, cette crise prend naissance dans l’économie réelle, et non dans les secteurs financier ou souverain. D’un coup, des millions d’entreprises parfaitement saines ont été confrontées à des problèmes de trésorerie sous l’effet de mesures de confinement. À même d’apporter jusqu’à 200 milliards d’euros de financements à l’économie réelle, le Fonds de garantie paneuropéen contribue déjà à faire en sorte que les entreprises saines (et les emplois qu’elles pourvoient) soient préservées et que les problèmes qu’elles rencontrent ne se propagent pas au secteur bancaire et, partant, aux bilans du secteur public.
Première institution financière multilatérale à long terme au monde par le volume de ses prêts et de ses emprunts, la BEI a pris toutes ces mesures en accordant une attention particulière aux conséquences de ses investissements face aux défis qui persisteront après la pandémie de COVID-19. Et son action s’est inscrite dans une perspective mondiale. Nous soutenons des investissements durables et verts et, tout en ripostant à la pandémie, nous jetons les bases de la lutte contre les changements climatiques pour une décennie cruciale. Nous avons établi un partenariat avec d’autres institutions multilatérales et des investisseurs pour faire en sorte qu’une solution visant à enrayer la pandémie de COVID-19 soit également partagée avec les pays en développement. À cet égard, nous avons approuvé un prêt de 400 millions d’euros en faveur de COVAX, une initiative mondiale promouvant l’égalité d’accès à un vaccin dans les pays en développement. L’opération nous a permis non seulement de remplir notre responsabilité morale, mais également d’apporter une contribution essentielle à la réalisation des objectifs de développement durable des Nations-Unies.
Dans le domaine du développement aussi, nous devons respecter un équilibre entre la volonté de créer des emplois et de la croissance et une solide stratégie en matière d’investissements pour le climat. En effet, notre action en faveur du climat dans l’UE n’arrêtera pas à elle seule le réchauffement de la planète puisque 90 % des émissions sont générés en dehors de l’Union européenne. Si la demande énergétique qui va en augmentant en Afrique, par exemple, est satisfaite par des centrales à charbon et à gaz, nos ambitions dans le domaine du climat partiront littéralement en fumée.
Une répartition équitable des investissements ne repose pas seulement sur une distinction Nord-Sud à l’échelle de la planète. La convergence régionale au sein de l’Union européenne a marqué le pas au cours des dernières années, notamment entre les zones urbaines et les zones rurales. Nous devons nous assurer que la pandémie de COVID-19 n’accentue pas cet écart. À l’image de notre action face à crise sanitaire et aux changements climatiques, nos investissements en faveur de la cohésion visent à allier gains économiques immédiats et développement durable sur le long terme. La « transition juste », qui aide les régions à abandonner des industries polluantes, est également tout à fait pertinente pour le marché. Le bilan du Fonds européen pour les investissements stratégiques (FEIS), le pilier financier du Plan d’investissement pour l’Europe, mérite que l’on s’y attarde. Le plan s’est achevé en 2020 par un résultat probant, avec plus de 500 milliards d’euros d’investissements soutenus en cinq ans. Le FEIS est entièrement axé sur la demande du marché, mais les cinq principaux pays bénéficiaires des prêts de la BEI couverts par la garantie du FEIS, au regard de leur PIB, sont l’Estonie, la Grèce, la Bulgarie, le Portugal et la Lettonie. Sur dix opérations de la BEI au titre du FEIS, quatre sont situées dans des régions relevant de la cohésion. Lorsque notre soutien leur en offrait l’occasion, les régions de la cohésion ont présenté des projets susceptibles d’être financés. Le FEIS a mobilisé dans toute l’Europe des investissements qui auraient été trop risqués sans son appui. Il montre comment des investissements du secteur privé peuvent être soutenus par des niveaux de dépenses publiques relativement faibles. Cet enseignement est d’importance pour une transition juste et sera repris avec profit dans le cadre de la facilité pour la reprise et la résilience, le programme de relance de l’Union européenne pour faire face aux conséquences de la pandémie de COVID-19.
En 2020, la décennie cruciale qui s’annonce pour le climat est restée au cœur de nos préoccupations. Notre Feuille de route de la banque du climat, approuvée par le Conseil d’administration de la BEI en novembre, définit tous les paramètres complexes de notre action en faveur du climat pour 2021-2025. Ce document novateur met en lumière notre engagement d’aligner l’ensemble de nos activités sur les objectifs de l’accord de Paris. La BEI est aujourd’hui la première banque multilatérale de développement à dépenser zéro euro dans tout ce qui génère des incidences négatives sur le climat. La BEI est la banque européenne du climat, et le présent rapport d’activité illustre majoritairement son action pour lutter contre le réchauffement de la planète.
L’innovation est un élément clé pour concrétiser nos ambitions dans le domaine de l’action en faveur du climat. Nous ne pouvons pas nous appuyer sur les modèles économiques actuels pour opérer les fortes réductions d’émissions nécessaires à la réalisation des objectifs de l’accord de Paris. Il nous faut intensifier considérablement le recours aux technologies actuelles ayant trait aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique, ainsi que le développement de nouvelles technologies pour le climat. Néanmoins, toute crise économique nuit à l’investissement dans les nouvelles technologies, qui est perçu comme risqué et non essentiel. Un ralentissement de l’innovation ne pouvait tomber à un plus mauvais moment. Plus que jamais, l’Europe et le reste du monde ont besoin de l’apport des technologies qui a pour effet de rompre avec le statu quo et d’accélérer la croissance de manière exponentielle.
À la BEI, nous faisons notre part pour maintenir le niveau des investissements dans l’innovation. En apportant des financements à long terme et en atténuant le risque d’investissement, nous promouvons un environnement de marché plus prévisible propice aux technologies nouvelles et durables. Notre succès ne se mesure pas à l’aune des volumes de fonds que nous prêtons. Nous cherchons à produire un impact, à contribuer aux changements structurels nécessaires à l’économie européenne et à faire progresser la prospérité et la sécurité des citoyens ordinaires dans le monde entier. La Banque européenne d’investissement témoigne là des résultats concrets de l’Europe.
Werner Hoyer