Du krach financier d’il y a dix ans à la pandémie de COVID-19, le FEIS a permis de réagir aux crises avec une flexibilité qui a fait de son objectif d’investissement de 500 milliards d’euros une réalité. En quoi consiste l’héritage du FEIS ?
Lorsque le coronavirus a frappé, la Commission européenne a uni ses forces à celles des États membres de l’UE et des institutions européennes afin d’élaborer un plan de sauvetage urgent et massif à l’appui des entreprises dévastées par la pandémie. Un programme européen était déjà à l’œuvre, mettant aussitôt à disposition des centaines de millions d’euros de financement pour des projets visant à lutter contre le COVID-19.
Avec le soutien du Fonds européen pour les investissements stratégiques (FEIS), la Banque européenne d’investissement a financé, en mai, un prêt de 50 millions d’euros visant à appuyer les essais cliniques menés par la société germano-israélienne Pluristem pour son traitement contre le coronavirus, qui fait appel à des cellules placentaires pour lutter contre les infections. En juin, la Banque a recouru à la garantie au titre du FEIS pour fournir à l’Allemand BioNTech un financement de 100 millions d’euros pour son programme de vaccin contre le coronavirus.
« Le FEIS montre ce qu’il est possible de faire avec des financements limités lorsque l’on combine les forces des secteurs public et privé », a déclaré Wilhelm Molterer, ancien ministre autrichien des finances, aujourd’hui directeur exécutif du FEIS. « Cette expérience revêt encore plus d’importance à la lumière des défis immenses qui nous attendent. »
L’un de ces défis est l’action climatique. Malgré les impératifs liés au COVID-19, le FEIS dépasse également ses objectifs sur ce front. Après tout, la crise du coronavirus ne constitue que le tout dernier chapitre de l’histoire mouvementée du FEIS, un instrument né du krach financier d’il y a dix ans. Dans le cadre du Plan d’investissement pour l’Europe, un programme inédit destiné à relancer l’économie du continent, le FEIS a démarré en 2015 sous forme de garantie du budget de l’UE afin de soutenir les activités de prêt de la Banque européenne d’investissement, la banque de l’UE. À la suite de la prorogation et du renforcement de son mandat en 2017, le FEIS a dépassé plus tôt que prévu son objectif final, à savoir appuyer 500 milliards d’euros d’investissements, alors même qu’il devait s’adapter à l’impact du COVID-19 sur l’économie européenne.
« Le FEIS a changé la façon dont les finances publiques sont utilisées », commente Iliyana Tsanova, directrice exécutive adjointe du FEIS. « Le soutien public de l’UE s’est avéré crucial pour appuyer les financements en capital-risque dans l’Union. Il nous a dotés d’un instrument très efficace et flexible, apte à répondre à l’évolution des besoins du marché. »
Et Iliyana Tsanova d’ajouter : « J’étais ravie de voir à quelle vitesse nous avons réussi à adapter notre stratégie pour répondre à la crise du COVID-19. Nous avons pu fournir rapidement les liquidités requises en urgence pour soutenir les entreprises touchées par la pandémie et les financements destinés aux sociétés qui travaillent à la mise au point de remèdes et de vaccins. La flexibilité est la clé de la réussite. »
Le FEIS montre ce qu’il est possible de faire avec des financements limités lorsque l’on combine les forces des secteurs public et privé.
L’héritage du FEIS en matière d’emploi et de croissance
Les modèles économiques montrent que d’ici 2022, les investissements bénéficiant de la garantie du FEIS auront induit un accroissement du PIB de l’UE de 1,9 % et contribué à la création de 1,8 million d’emplois supplémentaires par rapport au scénario de référence (bien que cela n’inclue pas encore les derniers mois d’existence du FEIS). L’élément déterminant à cet égard est que, sans le FEIS, la Banque européenne d’investissement n’aurait pas été en mesure de soutenir ces projets. La Banque européenne d’investissement a pu fournir ses financements grâce à la garantie du FEIS, ce qui a amené de nombreux investisseurs privés à se joindre à elle.
À une époque où les budgets sont serrés et où le financement public doit veiller à ce que chaque euro permette d’en faire davantage, la structure du FEIS – et son succès – a été remarquable. Selon Wilhelm Molterer, « ce bilan s’avérera très utile à l’avenir ».
Il y a quelques mois seulement, Wilhelm Molterer aurait pu s’attendre à ce que l’« avenir » soit principalement fait des volets d’investissement que sont le pacte vert pour l’Europe et InvestEU, le programme d’investissement prévu en partie pour prendre la relève du FEIS. Mais le FEIS a déjà dû montrer comment il pouvait faire face au nouveau coup dévastateur que le COVID-19 a porté à l’économie européenne.
Le FEIS a changé la façon dont les finances publiques sont utilisées.
L’héritage du FEIS pour faire face au tsunami du COVID-19
La réponse immédiate du FEIS à la crise du coronavirus témoigne du soin qui a présidé à l’élaboration de sa structure et de sa gouvernance initiales, et de la précision dans la mise au point des opérations acquise au fil du temps. Parmi les personnes les mieux placées pour observer le bon fonctionnement de ces opérations figurent les membres du comité d’investissement indépendant du FEIS qui veillent à ce que les projets de la Banque européenne d’investissement proposés en vue d’une couverture par la garantie du FEIS répondent aux critères énoncés dans le règlement de ce programme.
L’un de ces membres, Gordon Bajnai, ancien Premier ministre de Hongrie et responsable du département Infrastructures internationales chez Campbell Lutyens, un cabinet de conseil en investissement, compare une crise comme celle du COVID-19 à un « tsunami ». « Si vous survivez à la première vague, vous avez une chance de pouvoir reconstruire. Si les systèmes de production industrielle sont brisés et s’effondrent, il faudra peut-être des décennies pour reconstruire – ou on les reconstruira peut-être ailleurs, hors d’Europe. »
C’est ce qui rend essentielle la réponse rapide du FEIS à la pandémie de coronavirus. Gordon Bajnai, qui a dirigé la Hongrie pendant la crise financière, affirme que « dans une crise, l’argent qui est versé rapidement a trois fois plus de valeur que l’argent versé ultérieurement ».
Comment présenter l’héritage du FEIS
Cet été et cet automne, d’autres opérations de lutte contre le COVID-19, bénéficiant de la garantie du FEIS, seront certainement signées. Elles constitueront un autre chapitre de l’histoire du FEIS. Car, tout compte fait, il existe déjà de nombreuses manières de la raconter, tellement la portée du FEIS a été vaste.
On pourrait en épingler les faits saillants en dessinant une carte de l’Europe. On trouve des projets garantis par le FEIS de Las Palmas, dans les Îles Canaries (Espagne), où la garantie du FEIS a soutenu un financement de la Banque européenne d’investissement permettant de mettre en circulation de nouveaux bus plus propres, à l’Estonie au nord, où la garantie du FEIS a aidé la BEI à financer les recherches de l’entreprise Skeleton Technologies sur les supercondensateurs pour le stockage d’énergie. La carte de l’héritage du FEIS dépasse même le cadre terrestre avec l’investissement garanti par le FEIS dans OHB, une entreprise brêmoise qui conçoit des satellites électriques.
On peut aussi présenter l’héritage du FEIS comme l’histoire d’une vie humaine, en commençant par le financement garanti par le FEIS octroyé à Jennewein Biotechnologie pour la production de préparations pour nourrissons contenant les mêmes sucres naturels que le lait maternel, et le prêt accordé à Science4You, une entreprise portugaise qui fabrique des jeux éducatifs. Cette histoire se poursuit sous la forme de projets scolaires, comme cette opération en Finlande, jusqu’au combat pour repousser la mort avec un investissement du Fonds européen d’investissement, l’entité du Groupe BEI spécialisée dans les petites entreprises, dans un fonds d’amorçage destiné aux entreprises issues du milieu universitaire soutenant la recherche contre le cancer. L’héritage du FEIS peut également se raconter du point de vue de la vie des entreprises, en présentant certaines des start-up et des jeunes entreprises financées avec l’aide de la garantie du FEIS, comme Winnow, une société qui développe des outils basés sur l’intelligence artificielle permettant de réduire le gaspillage alimentaire.
Ou en allant du plus petit au plus grand, d’une usine familiale de moulage de métaux dans l’ouest de l’Allemagne financée par le Fonds européen d’investissement avec la garantie du FEIS, aux accords de prêt signés par la Banque européenne d’investissement avec des géants tels qu’Ericsson, Telefonica et Deutsche Telecom pour leurs travaux sur les infrastructures 5G.
Autant de manières de montrer l’héritage du FEIS, qui dessinent pour l’Europe un avenir marqué par une économie innovante et durable. Fabrication de voitures électriques en Croatie et de stations de recharge en Italie ; passage au numérique de commerces traditionnels en Espagne ; recherche sur des semences très performantes pour des cultures qui résistent aux agents pathogènes en France ; construction de logements sociaux en Pologne et d’infrastructures médicales aux Pays-Bas.
Ces différentes histoires du FEIS suivent le même scénario, dans lequel des ressources publiques limitées sont habilement utilisées pour créer des emplois et générer de la croissance pour les citoyens de l’UE. L’héritage du FEIS se trouve dans les vies qu’il soutient, mais aussi dans les leçons qu’en ont tirées les décideurs politiques tandis qu’ils font face à une nouvelle crise.