Dans le cadre du concours de l’innovation sociale, l’impact, les idées et l’esprit d’équipe sont des facteurs clés qui guideront les membres du jury au moment de choisir les entreprises lauréates. Voici le point de vue des membres du jury sur ce concours.
La scène est installée et l’édition 2022 du concours de l’innovation sociale, parrainé par l’Institut BEI, est sur le point de commencer.
À Vienne, fin septembre, 15 jeunes pousses entreront en lice pour remporter jusqu’à 75 000 euros destinés à les aider à renforcer l’impact de leurs projets. Même les finalistes qui ne remportent pas une somme d’argent rejoindront une communauté d’entrepreneurs et d’entrepreneuses partageant les mêmes valeurs à des fins de formation, de réseautage et de mise en relation avec les investisseurs.
Certains participants espèrent commercialiser des inventions reposant sur la science, d’autres se concentrent sur des réponses à la crise climatique et d’autres encore ont créé des entreprises dans le but de remédier à d’autres questions de société. Ils ne disposeront que de quelques minutes sur scène pour convaincre les membres du jury.
La pression est forte lors de cet événement divertissant qui met en lumière des entrepreneurs et entrepreneuses qui veulent changer le monde.
Prendre des décisions complexes qui ont des effets sur le long terme
Les membres du jury ne disposent que de quelques heures pour prendre des décisions complexes concernant les candidats.
Justina Alders-Sheya est gestionnaire de fonds pour Triodos Investment Management, une entreprise néerlandaise axée sur l’investissement d’impact. Cette année, elle fera partie du jury pour la quatrième fois.
Elle affirme que les discussions entre les membres du jury sont toujours animées, surtout compte tenu du large éventail d’entreprises en lice.
« Comment pouvons-nous garantir la diversité du type de projets que nous choisissons tout en essayant de remédier à des problèmes mondiaux ? », s’interroge-t-elle. « Parmi ces trois, quatre ou cinq finalistes, lequel aura l’impact le plus important ? »
Olivier de Guerre est le fondateur et président de Phitrust, une société française de gestion d’actifs dédiée aux investissements responsables. Il a été membre du jury des 11 concours de l’innovation sociale.
« Je suis fermement convaincu que nous avons besoin d’entrepreneurs et d’entrepreneuses axés sur l’impact pour résoudre des problèmes face auxquels les grandes entreprises ou les ONG traditionnelles restent sans réponse », dit-il. « Et le meilleur moyen de leur permettre de renforcer les effets qu’ils ou elles produisent est de les aider à trouver des personnes qui vont les accompagner dès le début afin de passer à la vitesse supérieure et de trouver des financements. Et cela permet aussi à des investisseurs comme nous d’identifier des projets que nous pourrions appuyer à l’avenir. »
Comment les membres du jury prennent-ils leurs décisions ?
Pour Elena Casolari, cofondatrice d’OPES Italia Sicaf EuVECA, qui investit dans des entreprises d’impact en Italie, la composition et la qualité de l’équipe sont primordiales.
« Tout se résume à une équipe appuyant une idée centrale », explique-t-elle. « Une équipe unie, qui a cru en cette idée et a connu des difficultés ensemble. Si c’est une bonne équipe, elle sera en mesure de surmonter les tensions financières et de faire en sorte que l’entreprise soit durable. »
Pour ces trois membres du jury, il est essentiel de pouvoir quantifier l’impact.
« J’ai besoin de ressentir la passion et l’intention derrière l’impact », ajoute Elena Casolari.
Justina Alders-Sheya explique : « La toute première chose que je cherche à savoir, c’est si l’initiative va répondre à un besoin. C’est pour moi la question clé. Si cela se vérifie, je sais que ce projet a vocation à produire un impact donné. »
Olivier de Guerre affirme que, pour accorder sa voix à une jeune pousse, il a besoin en premier lieu de s’assurer qu’elle aura un impact social ou environnemental et d’être convaincu par l’objectif qu’elle cherche à atteindre. « Ensuite, il faut une équipe capable d’amener ce projet là où elle le souhaite », dit-il. « Enfin, un plan d’activité qui prouve que vous avez les moyens, tant humains que financiers, d’atteindre vos objectifs. »
Plus ancien membre du jury, Olivier de Guerre dispose d’un recul unique sur le concours. Il affirme que les entreprises sont désormais de bien meilleure qualité et que les présentations sont beaucoup plus travaillées.
« Pour commencer, le marché a beaucoup évolué », explique-t-il. « Les produits que nous voyons aujourd’hui sont beaucoup plus structurés, organisés et développés qu’il y a 11 ans. Ensuite, le concours a beaucoup changé. La qualité des présentations et des plans d’activité est bien plus élevée aujourd’hui qu’elle ne l’était à ses débuts. Je pense que l’Institut BEI a beaucoup contribué à aider les équipes à structurer et à améliorer leurs plans d’activité et leurs présentations. »
Pour Elena Casolari, le concours de l’innovation sociale s’inscrit dans un mouvement plus vaste qui accorde une grande valeur aux entreprises qui œuvrent en faveur de la société ou de l’environnement.
« Il est dépassé de croire qu’il faut trouver un compromis entre l’impact et les résultats financiers », dit-elle. « Si votre idée tient la route et est vraiment solide, vous pouvez obtenir les deux. »
L’édition 2022 du concours de l’innovation sociale de la BEI
La session de présentation de l’édition 2022 du concours de l’innovation sociale de la BEI est ouverte à toutes les personnes qui souhaitent la regarder en ligne ou faire partie du public.
L’événement se tiendra à Vienne le 29 septembre 2022, à l’adresse suivante : Erste Campus, Grand Hall (Am Belvedere 1, 1100 Vienne).
Avec le soutien du groupe et de la fondation Erste, le concours décernera cinq grands prix : premier prix de la catégorie générale (75 000 EUR), deuxième prix de cette même catégorie (30 000 EUR), premier prix de la catégorie spéciale de l’économie bleue ou verte (75 000 EUR), deuxième prix de cette même catégorie (30 000 EUR) et prix du public (10 000 EUR). La catégorie spéciale de l’économie bleue concerne les océans et les mers et celle de l’économie verte porte sur la durabilité sociale et environnementale.