Soutien de l’UE : grâce à un prêt en faveur d’un partenariat avec une école d’agriculture suisse, les fermiers géorgiens pourront se former
L’agriculture constitue un grand pan de l’identité nationale géorgienne. La moitié du territoire géorgien est constitué de terres agricoles et presque 50 % de la population active travaillent dans le secteur agricole, dont près de la moitié sont de petits exploitants indépendants.
Mais la productivité est faible et les agriculteurs sont souvent confrontés à la pauvreté. Pour renforcer les compétences dans le domaine agricole, un centre de formation professionnelle va ouvrir ses portes à Sarkineti, un village de montagne situé près de Dmanisi, à 120 km de la capitale Tbilissi. Il s’agit d’une collaboration avec une école d’agriculture suisse fondée de longue date.
« Les conditions naturelles de Dmanisi sont proches de celles de la Suisse », affirme Tinatin Makharadze, directrice de l’école. « La région est vulnérable et ce projet permettra de lui redonner vie et de créer de nouvelles possibilités de revenus. »
L’école d’agriculture suisse du Caucase (Swiss Agricultural School Caucasus) proposera des cours de longue et courte durées dans les domaines de l’élevage bovin et de la production laitière, en collaboration avec l’école d’agriculture suisse Plantahof. Initiative privée à but non lucratif, cette école aura ses propres fromagerie et exploitation laitière, et sera financée par un prêt de la Banque de Géorgie, parallèlement à des subventions accordées par des partenaires suisses et géorgiens, l’Agence suisse pour le développement et la coopération et le programme des Nations unies pour le développement.
« L’école joue un rôle très important pour aider l’agriculture géorgienne et les exploitants agricoles à se tourner davantage vers l’international », déclare Mikheil Kipiani, banquier d’affaires principal à la Banque de Géorgie. « Le fromage qui sera produit dans la fromagerie de l’école est très demandé sur le marché géorgien. »
Renforcer la coopération avec un voisin de l’UE apprécié
La Banque européenne d’investissement a signé un prêt de 50 millions d’euros avec la Banque de Géorgie en faveur des petites et moyennes entreprises (PME) et des entreprises de taille intermédiaire (ETI), qui a été partiellement décaissé en 2020. La Banque de Géorgie rétrocède ensuite cet argent à des entités locales, dont l’école d’agriculture suisse du Caucase.
Il s’agissait du premier prêt accordé par la banque de l’UE à la Banque de Géorgie à être en partie mis à disposition en monnaie locale, ce qui élimine le risque d’exposition aux taux de change pour le bénéficiaire final.
« Le prêt de la Banque européenne d’investissement a un effet immédiat sur le marché à court et long termes », déclare Levan Kobiashvili, chef de l’unité de financement de la Banque de Géorgie. « Nous avons ainsi pu en faire profiter les PME comptant parmi nos clients, qui représentent une part importante de notre portefeuille. »
Andreas Berkhoff, le chargé de prêts à la Banque européenne d’investissement qui a travaillé sur l’accord, explique qu’il a été possible de fournir un financement attractif en monnaie locale grâce aux subventions accordées par la Commission européenne dans le cadre de l’initiative Accord de libre-échange approfondi et complet (ALEAC)-Est.
« En Géorgie, les PME sont un élément essentiel de l’économie », explique Andreas Berkhoff. « Nous démontrons que les PME profitent de la coopération entre la Géorgie et l’UE. Pour les soutenir, nous travaillons main dans la main avec la délégation de l’UE et la Commission européenne dans le cadre du Partenariat oriental. »
Le soutien de l’UE aux PME des pays du Partenariat oriental est apporté au titre de l’initiative EU4Business. Partenaire clé de cette initiative, le Groupe Banque européenne d’investissement intervient au moyen de différents outils :
- financement à long terme sur ressources propres accordé à des banques pour rétrocession à des PME et ETI. Ces prêts sont généralement assortis de garanties au titre du mandat de prêt extérieur de l’UE et les prêts en monnaie locale peuvent bénéficier de subventions de l’UE ;
- financement et conseils techniques à l’intention des organismes de microfinancement, en utilisant les ressources apportées par la garantie de l’initiative ALEAC — Est ;
- le Groupe BEI gère deux instruments de garantie pour les PME. L’initiative ALEAC-Est, proposée en partenariat avec le Fonds européen d’investissement (FEI), se concentre sur l’accès au financement, tandis que le volet Garanties du dispositif InnovFin, géré par le FEI, est consacré aux PME spécialisées dans la recherche et l’innovation au titre du programme Horizon 2020 ;
- outre les prêts, la BEI propose une assistance technique afin d’aider les banques à améliorer leurs pratiques de prêt aux PME et à accroître leur portefeuille de projets en lien avec le climat. L’assistance technique est rendue possible par les contributions des États membres versées à un fonds fiduciaire de la BEI.
« Nous utilisons un large éventail d’instruments, mais nous travaillons également par l’intermédiaire de canaux multiples, y compris de petites banques dans le cadre de l’opération “Georgia Outreach Initiative” de la BEI, pour élargir nos opérations aux segments mal desservis du marché des PME », explique Andreas Berkhoff. « Mais l’objectif ultime de toutes nos activités est de veiller à ce que les PME, les microentreprises et les ETI aient accès au financement et puissent concrétiser leurs idées. »
Le Groupe Banque européenne d’investissement fait partie de l’équipe d’Europe, qui a lancé un ensemble de mesures visant à apporter un soutien à la Géorgie et à d’autres pays partenaires face au COVID-19. Il s’agit de financements supplémentaires, mis à disposition rapidement et à des conditions plus souples, afin d’aider les entreprises à gérer la crise et à en sortir.
Grâce à l’équipe d’Europe (Team Europe) et dans le cadre des mesures d’urgence de la BEI visant à faire face à la pandémie de COVID-19, la banque de l’UE a signé en décembre 2020 un prêt supplémentaire de 25 millions d’EUR en faveur de la Banque de Géorgie ; l’opération, d’un montant total de 75 millions d’EUR, est assortie de critères d’admissibilité souples.
En quête de pâturages plus verts
Les premiers fromagers suisses se sont installés en Géorgie à la fin du XIXe siècle. Dans le prolongement de cette tradition, l’école d’agriculture suisse du Caucase proposera chaque année et à compter du printemps 2021 des formations longues à 15 étudiants au maximum et des formations spécialisées plus courtes à 400 agriculteurs au maximum.
Les étudiants seront majoritairement issus de familles à revenus modestes vivant dans des villages de montagne ; leurs frais d’inscription seront en grande partie couverts par la fondation privée qui a créé l’école.
L'institution disposera également de son propre campus moderne et d’un maître fromager suisse sur site, qui dirigera la production et formera les six membres du personnel.
Les pâturages de la région étant propices à l’élevage bovin, 50 vaches importées de Suisse seront nourries naturellement sur l’exploitation agricole de l’école. Leur lait servira à la fabrication du fromage dans une cuve de 2 000 litres.
« Je suis vraiment très heureuse de voir que notre projet se concrétise », déclare Tinatin Makharadze. « Nous voulons montrer aux familles locales qu’elles peuvent utiliser des ressources facilement accessibles et des méthodes simples, mais efficaces, pour reproduire chez elles ce qu’elles observent à l’école. »