Aider les jeunes pousses à accéder aux marchés mondiaux

L’innovation nourrit la compétitivité économique de l’Europe, mais de nombreux entrepreneurs peinent à obtenir l’appui dont ils ont besoin pour concrétiser leurs idées. Dans certaines régions d’Europe, un phénomène suscite l’attention : le développement des parcs scientifiques et technologiques.

« L’innovation est une source essentielle de réussite économique pour un pays, mais elle comporte également des risques », explique Gordana Danilović Grković, directrice du parc scientifique et technologique de Belgrade. « Lorsqu’une idée d’entreprise n’aboutit pas, l’échec est subi par un innovateur. En revanche, si elle devient réalité, c’est la société dans son ensemble qui en tire profit. »

Le parc de Belgrade a été créé sous la forme d’un partenariat entre l’État serbe, la Ville de Belgrade et l’Université de Belgrade, avec le soutien de l’État suisse. Il a également reçu un appui de la Banque européenne d’investissement, au moyen d’une partie d’un prêt de 200 millions d’euros signé avec la Serbie en 2010 visant à améliorer la recherche et le développement dans le secteur public.

Deux tiers des entreprises soutenues par le parc sont des jeunes pousses. Le parc, pôle technologique de la région, a mis au point huit programmes adaptés à différents stades de développement, dont Raising Starts, le premier accélérateur de pré-amorçage en Serbie. Ces programmes soutiennent des entreprises qui emploient plus de 2 800 personnes hautement qualifiées et exportent vers plus de 60 pays. Les entreprises peuvent bénéficier de trois laboratoires d’innovation au sein du parc, l’un consacré à la technologie 3D, un autre à la technologie laser et le troisième à l’électrotechnologie.

BEI Monde, la branche de la Banque européenne d’investissement spécialisée dans le développement, déploie de nombreuses opérations à l’appui de l’innovation et des petites entreprises. En Serbie, ce soutien s’est traduit par la mise à disposition de nouveaux parcs scientifiques et technologiques, de laboratoires d’innovation et d’installations rénovées pour les scientifiques.

« La région des Balkans occidentaux peut tirer des avantages considérables du développement de marchés du capital-risque solides et d’une collaboration renforcée entre les communautés scientifiques, étatiques et entrepreneuriales pour soutenir son écosystème de jeunes pousses », affirme Damien Sorrell, directeur du pôle régional de BEI Monde pour les Balkans occidentaux. « Des structures comme le parc scientifique et technologique de Belgrade stimulent la croissance générée par l’activité des entreprises de haute technologie. Ces pôles d’innovation devraient être développés plus encore pour que puissent être répertoriées les plateformes coopératives à même d’intégrer le marché régional et d’assurer son positionnement à l’international. »

Depuis sa création, le parc crée un écosystème de start-up et encourage les jeunes à créer leur entreprise. Il a mis au point des services et des programmes destinés aux nouvelles équipes et entreprises, ainsi qu’à des entreprises technologiques plus avancées qui cherchent à accéder à de nouveaux marchés et à attirer des investissements.

« Les experts du parc apportent leur soutien à l’élaboration de stratégies, au financement en capital-risque, aux négociations financières et aux aspects juridiques », précise Gordana Danilović Grković.

Le parc a également mis en place des partenariats dans le monde entier, dont en Israël, en France, en Espagne, au Royaume-Uni et en Suisse. 

« Rien qu’en 2024, nous avons organisé cinq missions pour explorer de nouveaux marchés pour les jeunes pousses serbes, en leur donnant l’occasion de participer à des conférences technologiques mondiales de premier plan telles que VivaTech, le Web Summit, les StartupDays et la London Tech Week », a commenté Gordana Danilović Grković.

Les jeunes pousses du parc scientifique et technologique de Belgrade sont spécialisées dans les technologies de l’information, la biomédecine, la robotique, les nanosciences, l’efficacité énergétique, les villes intelligentes ou encore l’agriculture innovante. Elles conçoivent divers produits novateurs dans des domaines aussi variés que les plantes d’intérieur, la surveillance à distance non invasive de colonies d’abeilles, les approches personnalisées en matière de santé féminine, les jouets thérapeutiques utilisés par les orthophonistes ou les plateformes d’apprentissage robotisées pour les enfants.

Gordana Danilović Grković souligne qu’il est essentiel de comprendre les objectifs et les fonctions de ces structures qui soutiennent l’innovation et d’éviter les pièges. « Il est important de savoir comment engager le dialogue avec des structures de ce type afin d’éviter les idées fausses qui ont souvent compliqué le développement des parcs, des incubateurs, des pôles et des centres d’innovation », explique-t-elle. « Le rôle des structures telles que le parc de Belgrade ne devrait pas être réduit à la simple location d’espaces de bureaux, et elles ne devraient pas être jugées uniquement en fonction du nombre d’événements et de projets qu’elles accueillent. »

Gordana Danilović Grković estime qu’au contraire, leur succès devrait être mesuré à l’aune de paramètres tels que le nombre de nouvelles jeunes pousses, leur croissance, la commercialisation des innovations, la croissance des exportations et les nouveaux emplois.

Selon elle, ce n’est qu’en les considérant à travers ce prisme que les parcs peuvent atteindre leur plein potentiel et apporter une contribution significative à la croissance économique.