Le ralentissement de la productivité entrave la compétitivité de l'Europe sur les marchés mondiaux. C'est le message qu'ont formulé des experts économiques et des décideurs politiques lors du débat sur l'état actuel de l'économie européenne. Une conférence de haut niveau, organisée ce jour à Berlin par le département Analyses économiques de la Banque européenne d'investissement (BEI), a porté sur les initiatives politiques et macroéconomiques lancées récemment pour rétablir la compétitivité en Europe et répondre aux besoins en investissements structurels.
Dans son allocution d’ouverture, Werner Hoyer, le président de la BEI, a appelé au déploiement d'efforts concertés pour créer un environnement naturellement propice aux investissements et à l'innovation : « Cela implique une série de réformes structurelles dans les États membres, des efforts visant à compléter le marché intérieur de l'Union européenne (UE) là où cela s'avère nécessaire, ainsi qu'une dynamique d'investissement bien ciblée qui permet de relever des défis de compétitivité à long terme ». Werner Hoyer a également souligné l'évolution de l'environnement concurrentiel au niveau mondial : « Dans le contexte de la mondialisation, la concurrence s'exerce réellement entre les entreprises, pas entre les pays. C'est avant tout au niveau de l'entreprise que les processus d'innovation essentiels interviennent. Mais cela ne signifie pas que les décideurs politiques et les institutions publiques peuvent tout simplement s'en laver les mains et espérer que tout ira pour le mieux. Nous avons un rôle crucial à jouer pour créer les conditions adéquates et fournir les incitations appropriées favorisant un processus d’innovation dynamique ».
Des groupes d'experts ont ensuite examiné comment les faiblesses structurelles ont aggravé la crise économique et comment le degré d'incertitude élevé, l'atonie de la demande et le manque de confiance des investisseurs ont freiné l'investissement global. Alors que les banques européennes sont confrontées à des contraintes qui nuisent à leur capacité à absorber davantage de risques, il a été avancé que le niveau élevé de liquidités dans le système ne se traduisait pas par la mise en œuvre des instruments de financement à risques appropriés. Pourtant, pour être compétitif dans un monde de plus en plus ouvert, une économie dynamique et technologiquement innovante est essentielle.
« Les politiques budgétaires, monétaires et structurelles sont complémentaires », a déclaré Catherine Mann, économiste en chef de l'OCDE. « On ne peut se contenter de simplement réduire le volet structurel, de dire ce qu'il faut faire et, dans le même temps, ignorer la situation en matière de gestion de la demande. Pour que les réformes structurelles aient un véritable impact, un environnement de forte demande est nécessaire ». Et Mme Mann de se demander comment le plan d'investissement pour l'Europe (ou plan Juncker) pouvait contribuer à relever ces défis. « Nous constatons que les multiplicateurs de dépenses collectives sont plus élevés que ceux des projets nationaux individuels. L'action collective est donc importante. Ensuite, nous pensons que l'harmonisation des règlements peut contribuer à accroître l'investissement direct à l'étranger (IDE) transfrontalier et à renforcer, jusqu'à 25 %, l'intensité des échanges en Europe. Les gains potentiels du parachèvement du marché unique sont donc très importants ».
Pour Debora Revoltella, économiste en chef de la BEI, une dynamique d'investissement bien ciblée, comme le plan d'investissement pour l'Europe, peut contribuer à résoudre des problèmes cycliques à court terme tout en relevant des défis de compétitivité à long terme : « Ce genre d'initiative cible les besoins en investissements stratégiques propres à renforcer la compétitivité, comme la recherche-développement, l'éducation et les infrastructures. Toute intervention publique destinée à favoriser ce type d'investissement doit faire l'objet d'une gestion transparente. Elle doit combler les lacunes du marché sans nuire à la concurrence ».
À l'occasion de la conférence, la BEI publie un rapport annuel intitulé L'investissement et le financement d'investissements en Europe – 2015 qui se penche sur les tendances en matière d'investissement et les défis auxquels est confrontée l'Europe (http://www.eib.org/infocentre/publications/all/investment-and-investment-finance-in-europe-2015.htm).
Une récente étude de la BEI sur la compétitivité met au jour l'importance du déficit d'investissement et l'ampleur des besoins de rattrapage. (http://www.eib.org/attachments/efs/restoring_eu_competitiveness_en.pdf)