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Discours d’ouverture de Nadia Calviño, présidente de la BEI, lors du débat en plénière du Comité européen des régions

European Committee of the Regions

Bonjour, Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les membres du Comité des régions, c’est avec grand plaisir que je m’adresse à vous aujourd’hui.

Je suis sûre que vous connaissez toutes et tous très bien la Banque européenne d’investissement. Vous savez aussi que son important bilan se chiffre à 600 milliards d’euros et qu’elle est sans doute la plus grande banque multilatérale de développement au monde. Vous n’êtes pas sans savoir qu’elle est probablement la seule banque « locale » qui dessert l’ensemble de l’Europe.

Je discutais justement avec le président de la manière dont nous finançons des projets qui améliorent les conditions de vie dans chaque région et dans chaque ville de notre Union. De La Valette au sud à Riga au nord, nous finançons la construction de logements abordables et durables, la mobilité durable, l’efficacité énergétique, le traitement des eaux usées et l’alimentation en eau potable, ainsi que des hôpitaux et des écoles ; mais aussi de Brno, à l’est, jusqu’à Lisbonne – ou, devrais-je dire, jusqu’aux Açores – à l’ouest.

Nos financements annuels se montent à environ 88 milliards d’euros, dont 90 % sont destinés à des opérations à l’intérieur de l’Union européenne. Et près de la moitié de ces investissements appuient des projets dans les régions de cohésion, les régions moins développées de notre Union.

Je pourrais continuer à parler de chiffres, mais en réalité, ce n’est pas du tout de cela qu’il s’agit. Il est question de projets sur le terrain, d’une politique territorialisée qui aide les populations et les entreprises, notamment les petites et moyennes entreprises, et ce dans l’ensemble de l’UE, plus particulièrement dans nos régions moins développées qui bénéficient ainsi d’une attention spéciale.

J’aimerais consacrer ce discours d’ouverture non pas uniquement à la présentation de la BEI et de nos activités actuelles, mais plutôt aux perspectives pour aller de l’avant et nous tourner vers l’avenir. Quelles sont les possibilités pour nos régions et nos villes qui bénéficient de notre soutien financier ?

Permettez-moi tout d’abord de vous rassurer : notre intention est de continuer à consacrer près de la moitié de notre concours financier aux régions moins développées, celles où nous pouvons avoir un impact encore plus grand.

De même, nous voulons consacrer plus de la moitié de nos investissements à faire de la transition écologique une réussite européenne. En effet, l’un des principaux enjeux pour l’avenir consiste à faire du climat, de la cohésion et de la compétitivité – les trois « C » – les trois facettes d’un même défi de taille pour l’Europe : comment réussir la transition écologique. À cet égard, les collectivités régionales et locales ont un rôle clé à jouer, car elles mettent en œuvre la grande majorité des investissements qui favorisent la transition écologique.

Et à ces trois C vient s’ajouter un quatrième : la certitude. Les citoyennes et les citoyens européens doivent avoir la certitude qu’ils et elles bénéficient des mêmes chances, quel que soit leur lieu de naissance ou l’endroit où ils et elles vivent, travaillent ou étudient. Car si les talents sont répartis de manière égale dans l’ensemble de l’UE, les opportunités, elles, ne le sont pas. Et c’est notre priorité absolue en tant qu’institutions européennes d’offrir des possibilités sur le terrain là où se trouvent les talents, afin que les personnes puissent rester vivre là où elles le souhaitent pour faire avancer leurs projets et leurs rêves.

Pour ce faire, il est nécessaire d’investir aussi dans les infrastructures sociales. Je sais que lors de cette session, le thème du logement fait l’objet d’un vif intérêt, étant une priorité absolue pour la grande majorité des États membres. C’est également l’une de nos priorités pour l’avenir à la Banque européenne d’investissement : comment faire en sorte que les citoyens et citoyennes aient accès à des logements abordables tout en contribuant à la lutte contre les changements climatiques.

L’égalité d’accès aux possibilités est essentielle pour notre prospérité, notre sécurité et notre démocratie. Et cela suppose d’investir non seulement à l’intérieur, mais aussi à l’extérieur de l’Union, à commencer par l’Ukraine, où la BEI prépare actuellement l’arrivée de l’hiver, avec le plan de sauvetage énergétique qui vient d’être approuvé par notre Conseil d’administration. Nous avons recensé entre 400 et 600 millions d’euros d’investissements en vue de renforcer la capacité de la population ukrainienne à résister durant la saison hivernale. Parce que notre sécurité exige non seulement d’investir à l’intérieur de l’UE, mais aussi de veiller à soutenir l’Ukraine tout au long de cette période difficile.

Avant de conclure – et je serai très heureuse de répondre à vos questions et commentaires juste après – il y a deux idées, deux points sur lesquels je voudrais attirer votre attention :

Premièrement : la nécessité de mobiliser plus efficacement les ressources du budget européen. Il s’agit de rationaliser nos mandats et de simplifier nos procédures et nos exigences. Et je sais que cette question trouve un écho très favorable au sein de cette assemblée. Je pense que vous serez toutes et tous d’accord avec moi, chères et chers collègues du Comité des régions, pour demander moins de bureaucratie et plus d’action. Je sais que nous pouvons coopérer, et qu’à cet égard, nous sommes sur la même longueur d’onde.

Deuxièmement : il convient d’essayer de remédier à l’une des faiblesses révélées notamment par les rapports d’Enrico Letta et de Mario Draghi, à savoir qu’il nous faut veiller à ce que les idées, les entreprises et les technologies nées dans l’Union européenne demeurent en Europe. Il s’agit d’approfondir et de renforcer les marchés des capitaux en Europe qui financent l’expansion d’innovateurs talentueux.

Vous ne le savez peut-être pas, mais un récent rapport de la Banque centrale européenne montre qu’en 2022, 58 fondateurs de « licornes » aux États-Unis – à savoir de jeunes pousses qui ont ensuite été évaluées à plus d’un milliard de dollars – sont nés dans la zone euro. Eh bien, nous devons faire en sorte, comme je l’ai dit il y a un instant, d’offrir des perspectives là où il y a du talent, de cultiver les talents européens et de veiller à ce que nos innovateurs, nos technologies, nos entreprises de premier plan puissent naître, croître et se développer en Europe et contribuer à la compétitivité de celle-ci.

Et je suis convaincue que si nous continuons à travailler ensemble sur la base de trois principes – c’est-à-dire l’unité, la solidarité et la détermination – comme nous l’avons fait face à la pandémie, nous réussirons. Si nous maintenons l’unité au sein de notre Union, nous ferons de la transition écologique une réussite européenne, nous ferons entendre notre voix dans le nouvel ordre mondial qui se dessine et nous apporterons la prospérité et un avenir meilleur aux populations de l’ensemble de l’UE.

Permettez-moi de conclure avec cette idée. Je serai très heureuse de répondre à vos questions et commentaires.

Je vous remercie de votre attention.