Ambroise Fayolle, vice-président de la Banque européenne d’investissement (BEI), a pris la parole à l’occasion de l’événement de haut niveau de la COP 29 intitulé « Mener une action climatique transformatrice : déplacer le curseur des apports financiers à l’impact et à l’effet catalyseur des banques multilatérales de développement »
Seul le discours prononcé fait foi.
Vos Excellences, chers collègues,
La présidente Nadia Calviño ne peut être parmi nous aujourd’hui. Elle vous transmet ses salutations et ses meilleurs vœux pour une discussion constructive et fructueuse autour de la table aujourd’hui. C’est un honneur pour moi de la représenter.
La BEI participe activement aux groupes de travail des BMD sur le climat depuis 2010 et préside actuellement le groupe chargé des rapports concernant l’action climatique des BMD. L’équipe de la BEI a coordonné et publié les rapports conjoints des BMD sur le financement de la lutte contre les changements climatiques pour 2021, 2022 et 2023. Je remercie tous les spécialistes du climat qui, au sein des BMD, travaillent d’arrache-pied à la publication de notre rapport annuel phare.
Les BMD se fondent sur des méthodologies harmonisées pour leur financement de la lutte contre les changements climatiques depuis leur premier rapport en 2012, et les améliorations se poursuivent en étroite collaboration avec l’International Development Finance Club (IDFC). Soucieux de renforcer la transparence, nous avons décidé il y a cinq ans de rendre compte de nos activités dans tous les pays où nous intervenons, en fournissant des données ventilées par niveau de revenu du pays. D’autres ensembles de données importants concernent les pays les moins avancés et les petits États insulaires en développement. En 2023, des chiffres records ont été atteints, avec plus de 74 milliards de dollars en faveur des pays à revenu faible et intermédiaire, contre 125 milliards de dollars au niveau mondial.
Bien entendu, rendre compte de l’action climatique ne se limite pas aux rapports sur le financement de la lutte contre les changements climatiques. Les BMD s’interrogent sur comment prendre également en compte chacun des six axes de notre cadre d’alignement sur l’accord de Paris, présenté lors de la COP 24. La possibilité pour les BMD d’évaluer et de rendre compte des retombées positives ou négatives sur le climat de l’ensemble de leurs financements revêt un aspect important. Ainsi, nos futurs rapports sur le climat pourront s’appuyer sur les travaux conjoints des BMD publiés hier.
Le Groupe Banque européenne d’investissement est le bras financier de l’Union européenne et l’une des plus grandes banques multilatérales de développement au monde. Nous avons montré la voie en réduisant le financement des énergies fossiles et en intensifiant les investissements dans les industries vertes et l’adaptation aux effets des changements climatiques. Nous sommes également et depuis longtemps une banque qui agit pour le climat. En 2007, nous avons émis la première obligation verte au monde – l’obligation climatiquement responsable. Nos émissions d’obligations vertes atteignent désormais 100 milliards d’euros, un chiffre appelé à croître. En 2023, nous avons aussi mis à disposition un niveau record de financements verts, soit près de 50 milliards d’euros, représentant plus de 50 % du total de nos prêts, et dont la grande majorité est consacrée au financement de la lutte contre les changements climatiques.
Nous nous efforçons d’améliorer l’impact en même temps que le volume en innovant et en élargissant nos solutions disponibles. Permettez-moi de vous donner quelques exemples :
À la Barbade, nous avons procédé à notre premier échange « dette contre résilience climatique » en partenariat avec la Banque interaméricaine de développement et le Fonds vert pour le climat. Cet investissement représente d’importantes économies initiales (130 millions de dollars) pour l’État de la Barbade, tout en lui permettant de réagir aux sécheresses et à la pénurie d’eau qu’il connaît, grâce à la construction d’une station de traitement des eaux usées résiliente face aux changements climatiques. Nous sommes également fiers d’avoir intégré la toute première clause de résilience climatique de la BEI dans le cadre de cette opération. Cela permet de donner aux États un peu d’air, en activant le report de remboursement de prêts en cas de catastrophe.
Pour le Groupe BEI, le financement de l’adaptation aux changements climatiques est une priorité essentielle. En Europe, la BEI soutient les pays touchés par les récents phénomènes météorologiques extrêmes – en Europe centrale et orientale et en Espagne.
Ces inondations dévastatrices montrent qu’il est urgent d’investir dans l’adaptation et la résilience face aux changements climatiques, dont les effets se font sentir partout dans le monde. Pour accélérer le financement de l’adaptation, nous renforçons nos services de conseil afin d’améliorer l’accès aux données relatives aux risques climatiques et leur utilisation, ce qui permet de prendre de meilleures décisions d’investissement en matière d’adaptation.
Aux côtés de nos partenaires de la Commission européenne et de la Banque de développement des Caraïbes, nous avons récemment approuvé une enveloppe de financement de 100 millions d’euros pour soutenir 14 pays des Caraïbes dans le cadre de projets relatifs aux eaux usées, à l’adaptation et à la protection des océans.
Pour mobiliser à grande échelle le financement de la lutte contre les changements climatiques, le Groupe BEI s’est associé à la Commission européenne et à ses partenaires afin de mettre en place la Global Green Bond Initiative (GGBI). L’initiative permettra notamment de fournir une assistance technique aux émetteurs d’obligations vertes sur les marchés émergents et dans les économies en développement, et de mobiliser des investisseurs privés par l’intermédiaire d’un fonds spécifique axé sur l’atténuation des risques, qui agira comme investisseur de référence pour les obligations vertes émises. Ce fonds pourrait mobiliser entre 15 et 20 milliards d’euros d’investissements verts.
En outre, le Groupe BEI est fier d’administrer GEMs, la base de données mondiale sur les risques liés aux marchés émergents, qui regroupe et publie les données des BMD relatives aux risques de crédit, afin d’encourager les investissements du secteur privé dans les marchés émergents et les économies en développement.
Chers collègues, le Groupe BEI est profondément déterminé à accroître son soutien à une transition juste vers une énergie propre, non seulement en Europe, mais dans le monde entier. Nous sommes la banque du climat, et vous pouvez compter sur nous.