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Esbjerg se réinvente

Un port danois au service des navires militaires et de l’éolien marin

Par 19 novembre 2024
 

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Construit il y a seulement 156 ans sur la côte ouest du Danemak, le port d’Esbjerg est relativement nouveau selon les normes danoises ou européennes, étant donné que de nombreux ports sont en activité depuis des centaines voire des milliers d’années. Durant sa vie plutôt courte, il n’en a pas moins connu plusieurs transformations au service de différentes industries - l’élevage au XIXe siècle, la pêche dans les années 1920, l’exploitation du pétrole et du gaz en mer dans les années 1960 et 1970. Aujourd’hui, alors que l’Europe est confrontée à de nouveaux défis, de la décarbonation aux menaces géopolitiques, Esbjerg se réinvente à nouveau.  

« Cette évolution a commencé à se dessiner il y a quelques années », explique Dennis Pedersen, directeur du port. « Les parcs éoliens en mer du Nord sont déterminants pour la transition énergétique de l’Europe, mais nous devons procéder à d’importants investissements dans les infrastructures pour qu’elle se concrétise. »

« Puis en 2022, après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, nous avons réalisé que nous devions nous soucier non seulement de la décarbonation, mais aussi de la sécurité de l’Europe. »

Esbjerg est à ce jour un acteur majeur pour la filière éolienne en mer, sachant que des entreprises danoises sont des championnes sectorielles, à l’image de Vestas. Le port fait partie du réseau transeuropéen de transport et dispose de solides liaisons ferroviaires et routières. Il a déjà joué un rôle clé dans la mise en œuvre de quelque 59 projets éoliens en mer du Nord.



Un port de plus en plus grand…

Les éoliennes en mer sont toutefois de plus en plus grandes. Toujours plus grandes.

Les ronds-points sur les axes menant au port ont déjà été adaptés pour que les véhicules de transport extralongs puissent les traverser tout droit. Il n’est reste pas moins que les pales des nouvelles turbines mesurent aujourd’hui plus de 100 mètres de long dans cette région réputée venteuse. Cela signifie que le diamètre et la hauteur ont doublé par rapport aux dimensions des anciennes turbines. Elles sont presque aussi grandes que la tour Montparnasse à Paris.

Le transport et l’assemblage de structures d’une telle ampleur nécessitent des installations spéciales et beaucoup d’espace. À cette fin, le port d’Esbjerg investit dans la construction d’un terminal de 57 hectares, soit une superficie supérieure à 106 terrains de football.

… et de plus en plus profond

Afin de mieux répondre aux besoins de l’Europe en matière de sécurité et de défense, le port s’emploie également à approfondir son chenal de navigation.

Par le passé, les navires de l’OTAN ont transporté des véhicules blindés, tels que les chars M1 Abrams et les véhicules de combat d’infanterie M2 Bradley, des États-Unis jusqu’au port danois. Plus de 700 véhicules de combat de la 1re brigade blindée de l’armée américaine ont été débarqués au port en juin de cette année et plus de 300 pièces de la 81e brigade Stryker de la garde nationale américaine en 2021.

Le chenal de navigation du port n’est cependant pas assez profond pour permettre aux navires de transport d’accoster à pleine charge ou à marée basse.

Des investissements à double usage

Pour le port d’Esbjerg, les investissements à double usage présentent plusieurs avantages.

« L’essor de l’énergie éolienne en mer durera plusieurs décennies », déclare Dennis Pedersen. « Notre plan d’investissement vient consolider notre position dans le secteur et soutenir la transition énergétique de l’Europe. Mais ce n’est pas tout. Il ouvre dans le même temps de nouvelles routes vers les États-Unis pour nous préparer aux perspectives à plus long terme. »

Les investissements permettent au port de renforcer son rôle de pôle de transport de l’OTAN et font l’objet à ce titre d’un important soutien de l’Union européenne et de son bras financier, la Banque européenne d’investissement. Le port bénéficie notamment d’une subvention au titre du Mécanisme pour l’interconnexion en Europe et d’une subvention de l’État danois, ainsi que d’un prêt de 115 millions d’euros de la BEI qui relève d’une enveloppe de 8 milliards d’euros en appui de l’Initiative stratégique pour la sécurité européenne

Des investissements pour la sécurité et la défense

Les gouvernements de l’UE ont appelé la Banque européenne d’investissement à renforcer son soutien à la sécurité et à la défense de l’Europe. En conséquence, elle a adapté ses critères de prêt et ses processus internes et mobilisé davantage de fonds pour faire de ce secteur une priorité. En 2024, la Banque a mis sur pied un guichet unique pour les projets de sécurité et de défense afin de faciliter l’accès des entreprises à ses financements et à ses services de conseil.



« Il s’agit clairement d’un cas de double usage », déclare Txema Urrutia Aldama, spécialiste du secteur des transports à la Banque européenne d’investissement. « Il s’agit même probablement du premier grand projet d’infrastructure à double usage que nous soutenons. »

Compte tenu de l’environnement écologique sensible d’Esbjerg et de la proximité d’une zone humide protégée à l’échelle internationale, le port et la Banque sont particulièrement attachés à réduire au minimum l’impact des travaux d’approfondissement du chenal. Les déblais de dragage seront pour une grande partie réemployés pour l’agrandissement du port.