La présidence maltaise de l’UE a organisé cette semaine une conférence de deux jours consacrée à la sécurité routière à laquelle ont participé des experts, des parties prenantes et des décideurs politiques, dans l’objectif de proposer de nouvelles mesures destinées à améliorer la sécurité routière. Per Mathiasen, l’expert en sécurité routière de la BEI, nous a fait part de ses idées sur le sujet autour d’un café.
La présidence maltaise de l’UE a organisé cette semaine une conférence de deux jours consacrée à la sécurité routière à laquelle ont participé des experts, des parties prenantes et des décideurs politiques, dans l’objectif de proposer de nouvelles mesures destinées à améliorer la sécurité routière. Per Mathiasen, l’expert en sécurité routière de la BEI, nous a fait part de ses idées sur le sujet autour d’un café. Fervent parapentiste, Per a travaillé dans plusieurs pays, dont le Danemark, l’Irlande, le Bangladesh, le Ghana, le Nicaragua, le Viêt Nam et les États-Unis, pour n’en citer que quelques-uns. Toutefois, son passe-temps l’ayant fait atterrir en des lieux imprévus (dans un lac, en haut d’un arbre et sur une voiture), sa femme, craignant pour sa sécurité, lui a interdit de prendre les airs. Il se concentre maintenant sur ses autres passions : le cyclisme... et la sécurité routière.
Comment la perception de la sécurité routière évolue-t-elle ?
Les médias ont tendance à s’intéresser uniquement à des tragédies comme les accidents de bus. En réalité, une part bien plus importante des décès sur la route dans le monde concerne des personnes qui ne sont même pas au volant : les piétons. Dans la plupart des pays à revenu faible ou moyen, les piétons ne sont pas considérés comme de véritables usagers de la route et sont négligés dans les politiques de transport. Par conséquent, ils sont contraints de marcher auprès de véhicules circulant à grande vitesse et, pour traverser, de se faufiler entre des voies de circulation, ce qui se solde par des millions d’accidents mortels ou invalidants chaque année. À l’échelle individuelle, la perte du soutien de famille peut pénaliser économiquement une famille pendant des années, tandis qu’à l’échelle nationale, les pertes socio-économiques découlant des accidents de la circulation représentent 1,5 à 3 % du PIB.
On avait autrefois pour habitude de percevoir les accidents de la route comme un mal nécessaire, mais la « vision zéro » mise en œuvre en Suède a remis en question ce dogme en 1997, faisant valoir que « les morts sur la route pouvant être évitées, elles sont donc inacceptables ». Ce concept trouve de plus en plus d’écho en Europe, que ce soit dans l’industrie automobile ou dans le secteur des transports routiers. Aujourd'hui, les normes et l’expérience européennes en matière de sécurité routière sont à la pointe du progrès et considérées comme les meilleures pratiques au monde. Il convient d’exporter ce savoir-faire de toute urgence et de l’appliquer en dehors de l’UE.
Actuellement, on déplore chaque année 1,25 million de morts sur les routes dans le monde et rien n’indique que ce chiffre soit en voie de reculer. Les Nations unies considèrent les accidents de la route comme un grave problème de santé publique et ont proclamé la décennie 2011-2020 « Décennie d’action pour la sécurité routière ». Elles ont également désigné la sécurité routière comme un objectif de développement durable et fixé un objectif de réduction de 50 % du nombre de décès imputables aux accidents de la route entre 2010 et 2020. Ce chiffre est extrêmement ambitieux, mais tous les États membres de l’Organisation des Nations unies se sont formellement engagés à l’atteindre. La sécurité routière devrait dès lors figurer au rang des grandes priorités dans tous les pays d’intervention de la BEI, y compris dans l’UE, qui doit clairement montrer l’exemple. La Banque fait donc face à un défi et à une responsabilité majeurs pour ce qui est du financement de projets routiers en dehors de l’Union.
Quel rôle la BEI joue-t-elle dans la promotion de la sécurité routière ?
La BEI a la possibilité de véritablement changer la donne. Nous appliquons les lignes directrices de la BEI en matière de sécurité routière, fondées sur les principes de base définis dans la directive européenne relative à la sécurité routière. Cela passe par des évaluations des incidences en matière de sécurité routière et des évaluations de la sécurité des piétons destinées à garantir que la sécurité (pour tous les usagers de la route) est prise en compte de manière précoce dans un projet, ainsi que par des audits de sécurité routière visant à détecter et à corriger des lacunes de sécurité au moment de la conception du projet. Les audits de sécurité routière constituent le principal outil dont dispose la Banque pour vérifier le respect des exigences en matière de sécurité. Pour s’assurer que les mesures convenues ont été mises en place, il convient de réitérer ces audits au cours de la construction et au début de l’exploitation du projet.
Nous demandons à nos clients de procéder de la sorte. Cette démarche peut donner lieu à des recommandations utiles pour la conception d’une route qui permettent d’éviter de graves accidents et de coûteuses mesures d'atténuation après l’achèvement complet du projet. Nous apportons aussi notre soutien à nos clients en leur prodiguant des conseils, en les aidant avec leurs demandes de subventions et en leur fournissant une assistance technique. Souvent, la Banque doit gérer et superviser de près les activités relatives à la sécurité, par exemple en examinant des dossiers d’appel d’offres afin de veiller à ce que les exigences de sécurité soient méticuleusement intégrées dans les contrats de services et de travaux. Nous espérons que ces initiatives permettront à terme de faire en sorte que la maîtrise de la sécurité routière soit considérée comme un avantage concurrentiel par les soumissionnaires.